L’importance de l’extrapreneuriat dans le monde des affaires contemporain

Chez Engie, 20 % des employés impliqués dans des projets internes de développement ont généré de nouvelles sources de revenus en moins de deux ans. Certaines entreprises françaises autorisent désormais leurs salariés à consacrer jusqu’à 30 % de leur temps de travail à des initiatives qui ne relèvent pas de leur fiche de poste.

Les retours d’expérience de groupes comme Danone ou L’Oréal montrent que ces démarches internes produisent parfois plus d’innovations que les start-up partenaires. Plusieurs études universitaires mettent en évidence un taux de transformation plus élevé pour les projets portés en interne que pour ceux issus de structures externes.

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L’extrapreneuriat, une dynamique émergente dans le paysage entrepreneurial français

L’extrapreneuriat s’impose peu à peu dans les entreprises françaises et bouleverse la donne habituelle autour de l’esprit d’entreprise. À Paris, Bordeaux, Lille ou Grenoble, des établissements comme Skema Business School, Kedge Business School ou Grenoble École de Management multiplient les initiatives : chaires dédiées, modules spécialisés, programmes de recherche. Ici, l’innovation ne provient plus seulement de l’extérieur, elle naît au sein même des équipes. À l’Institut National d’Études, des chercheurs majeurs comme Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis analysent les contours flous entre la création d’entreprise “traditionnelle” et des expérimentations portées par des salariés investis dans la vie de leur organisation.

En croisant les sciences de gestion, les études juridiques et l’économie, ces recherches mettent en lumière une mutation profonde : l’apparition de réseaux informels, de communautés de pratiques, d’espaces de test et de prototypage directement à l’intérieur des entreprises. Ce phénomène s’observe très nettement dans les services et les moyennes entreprises. À Paris, les business schools documentent comment ces dynamiques bousculent les modèles de management classiques, font émerger de nouveaux circuits décisionnels et favorisent la prolifération d’initiatives à tous les niveaux hiérarchiques.

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Domaines d’application Exemples d’acteurs Territoires
Sciences de gestion, services, économie sociale Grenoble École de Management, Skema, Institut National d’Études Paris, Bordeaux, Lille, Bourgogne Franche-Comté

Dans ce paysage en pleine recomposition, L’extrapreneuriat fait évoluer le rôle du salarié. Les frontières entre initiative individuelle et projet collectif deviennent floues, ce qui pousse les entreprises à repenser la façon dont elles créent de la valeur, aussi bien en interne qu’à l’échelle du territoire.

Quels enjeux pour les entreprises et les managers face à cette nouvelle forme d’entrepreneuriat ?

L’essor de l’extrapreneuriat redistribue les cartes du management. Les directions d’entreprise sont désormais amenées à s’équiper de nouveaux outils pour valoriser les talents internes et à donner une place différente au salarié-innovateur. L’arrivée de structures comme la cellule d’essaimage, l’incubation interne ou l’accompagnement post-création rompt avec la logique hiérarchique traditionnelle. Pour les managers, le défi est double : encourager l’innovation sans perdre la maîtrise sur les risques liés à cette effervescence d’idées et d’expérimentations.

Voici les principaux points auxquels les entreprises doivent être attentives pour soutenir de telles démarches :

  • Détection et accompagnement des porteurs de projets en interne
  • Équilibre entre management opérationnel et management stratégique
  • Mise en place de processus de maturation et de test d’innovation

L’Université de Montpellier, par exemple, capitalise sur l’expertise de ses laboratoires en sciences de gestion afin de former des cadres capables de piloter ce type d’hybridation. Les questions de responsabilité sociétale et de développement durable trouvent aussi toute leur place. Soutenir un extrapreneur, c’est s’assurer que ses ambitions personnelles restent alignées avec le projet collectif, tout en intégrant la question environnementale dans chaque étape de décision.

À Toulouse, Lyon ou Clermont-Ferrand, des réseaux d’appui pilotés par les chambres de commerce, les incubateurs universitaires ou les pôles d’innovation témoignent de la rapidité de ces évolutions. Le manager devient le médiateur qui facilite la circulation des idées, le garant de la transversalité, celui qui veille à ce que la gestion des ressources humaines, la stratégie et l’économie de la connaissance dialoguent enfin au sein de l’entreprise.

Entrepreneur créatif esquissant des idées dans un café chaleureux la nuit

Études, tendances et perspectives : ce que révèle la recherche sur l’extrapreneuriat aujourd’hui

Depuis une dizaine d’années, des équipes issues de la Skema Business School, de Grenoble École de Management ou de l’Institut National d’Études convergent vers un constat sans appel : l’extrapreneuriat mérite d’être analysé en tant que champ spécifique, à la croisée des sciences de gestion et de la sociologie économique. Les travaux de Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis, figures majeures de l’entrepreneuriat social, éclairent l’émergence de ce phénomène, en explorant l’esprit d’entreprise et la création d’activité à l’échelle locale et européenne.

Les données récoltées dans des universités de Paris à Bordeaux, à l’IAE de Lille ou en Bourgogne Franche-Comté, dessinent le portrait d’une diversité de profils : salariés de grands groupes, cadres de PME, chercheurs, jeunes diplômés tout juste sortis des business schools. Les analyses décisionnelles menées par l’équipe de l’EMS et du Centre Pierre-Mendès-France montrent que les motivations et le rapport au risque évoluent nettement. Plusieurs programmes pilotes, notamment à l’Université de Rome et à la Kedge Business School, testent aujourd’hui de nouveaux dispositifs d’accompagnement.

Trois tendances se dégagent de ces observations :

  • Hybridation des compétences entre gestion, droit et économie
  • Montée des réseaux collaboratifs et de la co-création
  • Valorisation de l’expérience extrapreneuriale dans les cursus académiques

Dès les années 80, Peter Drucker flairait déjà la puissance de l’innovation venue des marges de l’organisation. Aujourd’hui, les chercheurs croisent observations de terrain, études comparatives et analyses sur la durée pour comprendre l’impact concret de l’extrapreneuriat sur les façons d’organiser le travail et d’imaginer la croissance collective.

Demain, le visage de l’entreprise ne sera plus tout à fait le même : moins rigide, plus ouvert, capable de faire jaillir le neuf là où, hier encore, la routine dictait sa loi.