Série littéraire // Honiahaka Ep4

La rédaction vous propose un nouveau format littéraire : une fiction inédite publiée en plusieurs épisodes, une à deux fois par semaine. Des fragments de lecture à déguster comme une gourmandise et un feuilletonnage pour se délecter de l'attente du prochain épisode… Première nouvelle fragmentée : "Honiahaka" de Valéry Meynadier. Voici l'épisode 4 à retrouver également sur Instagram et Facebook.

Honiahaka*

Épisode 4

Une nouvelle de Valéry Meynadier

 

Lire l’épisode 3

 

Après l’accident du cousin. Je suis allé vivre à Tijuana, ville mexicaine entourée de collines désertiques. On y parlait le spanglish langue frontière entre l’anglais et l’espagnol. Parfait, j’ai toujours parlé une langue frontière moi aussi, entre l’homme et l’enfant, l’homme et la femme, la bête et moi.

 

Serveuse dans un infâme tripot rectangulaire. J’ai bien dit serveuse. À force d’innocence, ma part féminine l’a emporté. Les Tijuanesques ont une intuition torride. Pas touche celle-là, danger. Quelques-uns s’y sont frottés. On ne les a pas revus dans le coin. La louve avait œuvré.
Dans ma bouche, le goût de ses crocs en sang.

 

 

Je travaillais là nuit où des rats se disputaient les miettes des tortillas. Je les entendais courir dans le bourdon des pierres que laissaient entendre les murs. Les murs avaient une voix dans ce lieu car une femme au visage taillé dans la pierre, revêtue d’un éternel poncho rouge et noir, venait se saouler à la tequila et, après, elle se laissait aller à chanter, prêtresse de ma louve intérieure.

 

Chavela, elle s’appelait. Elle aimait les femmes et croyait que j’en étais une. Elle flairait la louve en moi. Je l’aurais bien aimée.
Avec quel corps ?

 

 

[À suivre dans l’épisode 5]

* Honiahaka signifie « petit loup » en amérindien Cheyenne

 

 

Texte : Valéry Meynadier

Illustration : collage C. Chartier

Éditeur : Bancal Livre


Télécharger le PDF


Revue Bancal - Auteur

Commentaires


Les champs marqués d'un * sont obligatoires.