(B)r^ve de jour // Pourtant, elles sont mères toutes

Chaque jour de la semaine, nous publions les chroniques de l'autrice Valéry Meynadier, des textes courts sur tout et rien, sur la littérature, l'art et les merveilles (ou les douleurs) du quotidien. Nous les appelons les brèves de jour, des (B)rêves, des rêves insufflés par le B de Bancal !
Image de couverture : Miriam Cahn

Une de la nuit, se pose sur la banquette d’à côté, la soixantaine dépassée, se maquille sagement. Une fois que ses yeux dans le miroir de poche se sont assurés du bon étalage du rouge pur sang sur ses lèvres, elle se tourne vers moi & me demande si je ne venais pas ici il y a longtemps, Vous vous faisiez appeler Patricia, elle dit.

 

& si je m’inventais une présence revenue là tout de suite maintenant ?

 

Oui, il y a longtemps, je dis, le cœur battant à se rompre.
Pourquoi ce retour ? elle demande, le café est de plus en plus défraîchi.
J’étais pas loin, je marmonne… sais plus quoi dire… Ça parle comment une pute ?

 

Pas facile d’en sortir, hein… Tu as des enfants ? elle demande.
Non & toi ? je dis de plus en plus mal à l’aise. Je n’avais jamais pensé aux enfants des prostituées.

 

Pourtant, elles sont mères toutes.
Deux, elle répond. Elle se tait.
Ils s’appellent comment ? je demande.

 

Elle me regarde d’un lieu où le mensonge n’existe pas. Elle sait que je mens.

 

Question : Où se cachent les enfants des prostituées ?

 

Valéry Meynadier, 10 mars 2023

 

 

Lire les autres brèves de la semaine :

(B)r^ve de jour // Les femmes meurent-elles comme les hommes ?

(C)rêve de jour // Le matricide déplacé

(G)rêve de jour // Une ombre avant l’heure


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Revue Bancal - Auteur

Commentaires


  1. Ça mériterait une écriture théâtrale… Peut-être radiophonique cette pièce.
    Je vous embrasse ma bien chère amie.
    p.

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