(B)rêVVe de jour // Les amours en ruine

Chaque jour de la semaine, nous publions les chroniques de l'autrice Valéry Meynadier, des textes courts sur tout et rien, sur la littérature, l'art et les merveilles (ou les douleurs) du quotidien. Nous les appelons les brèves de jour, des (B)rêves, des rêves insufflés par le B de Bancal !
Photographie de Ludioon Urbex

Les hôtels en fin de vie sont tellement plus beaux que les amours en ruine. Des rideaux sales tombent lentement en poussières comme des peaux mortes abandonnées par des femmes qui, sous la bénédiction d’un baiser, ont fait la mue.

 

L’hôtel de Paris, à Nîmes me parle de toi.

Les persiennes désaccordées forment une musique qui te va si bien, que j’entends à merveille dans l’ici et maintenant de ma solitude.
Il a fait son temps cet hôtel, comme nous.
Ses pierres se déchaussent de son ciment comme de vieilles dents qui n’en peuvent plus d’avoir mastiqué toute une vie dans une bouche qu’elles n’aimaient pas.
Tu n’as jamais eu la noblesse de la pierre, plutôt la dureté de la pierre.

 

Nous venions ici, en face de la gare, à l’hôtel de Paris.
Puis j’y suis revenue toute seule, dans la même chambre.

 

Valéry Meynadier, 14 juin 2023


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