Un odieux connard

L'odieux connard, qu'il est bon d'être mauvais. L’un des blogueurs à succès les plus drôles et cyniques de France vient de passer le cap de l’ouvrage papier. Le résultat devrait plaire aux habitués, et séduire de nouveaux adeptes.

L’odieux connard, qu’il est bon d’être mauvais. L’un des blogueurs à succès les plus drôles et cyniques de France vient de passer le cap de l’ouvrage papier. Le résultat devrait plaire aux habitués, et séduire de nouveaux adeptes.

Odieux connard

Avant de parler du livre, présentons son auteur, du moins le peu que nous sachions de lui. L’odieux Connard officie depuis quelques années sur la toile, via un blog aussi atypique que rafraîchissant. Caché derrière ce pseudonyme prometteur, notre auteur s’évertue à dézinguer tout ce qui lui semble d’une absurdité atterrante, à commencer par les blockbusters hollywoodiens, mais avec également un (dé)goût certain pour les pratiques sociétales les moins glorieuses (drague lourde, renvoi de la balle entre familles politiques quant au désamour des électeurs pour la chose politique, comportements égocentriques et superficiels d’une part de nos contemporains, attitude insupportable de certains garçons de café parisiens, etc).

Passant six à huit heures à l’écriture du spoiler d’une superproduction, Odieux Connard moque avec un style vif et percutant la moindre incohérence, rarement anodine, permise par la paresse intellectuelle des réalisateurs, l’avidité des producteurs, le manque courant d’exigence des spectateurs. Avec de nombreuses références à l’Histoire, à l’actualité voire à la culture vidéo ludique, L’odieux Connard traque les facilités, les clichés, les manques de respect des équipes de production pour leurs spectateurs et pour eux-mêmes, le tout avec beaucoup d’humour, une mauvaise foi tout à fait pardonnable, et une exaspération bien palpable. De quoi apporter une bouffée d’air frais à tous ceux qui s’offusquent à la simple vue d’une série d’affiches en 4×3 vantant Jurassic Park 52, ou Transformers 31, dans le métro.

Et même s’il faut souvent près d’une heure pour lire un de ces articles, le rythme qui les imprègne élude tout décrochage potentiel du lecteur. Belle performance pour l’époque, soit dit en passant, que de fédérer des centaines de milliers de lecteurs réguliers, en ligne, avec des articles aussi longs que ceux des revues scientifiques. Au fur et à mesure de l’écriture de son blog, le personnage de L’odieux Connard s’est aussi créé son propre univers (son fidèle serviteur Diego, ses nombreuses ex conquêtes enterrées en forêt de Rambouillet…), tout en distillant des éléments sur sa personnalité. On sait ainsi de lui qu’il connait très bien le monde de l’enseignement, a des connaissances historiques de niveau universitaire, et manie avec brio la langue française.

L’odieux Connard, le livre

Fort de ce succès en ligne, l’arrivée chez les libraires de L’odieux Connard était assez prévisible. Ce qui l’était moins, c’était le contenu de l’ouvrage. Recueil de ses travaux disponibles en ligne, ou contenus inédits, quitte à changer de format ? L’auteur (ou l’éditeur) a fait le second choix*, et c’est tant mieux. Non pas que les habitués n’auraient pas pris de plaisir à redécouvrir ses critiques sur format papier, mais le choix de formats plus courts permet une lecture plus séquencée, plus aérée, et donne ainsi un aperçu représentatif et original à la fois, de l’oeuvre à laquelle L’odieux Connard s’attèle depuis des années. Idéal donc pour séduire de nouveaux lecteurs, qui, en plus de rire et d’élargir leur culture générale (qui connaît sincèrement l’histoire du massacre de la Saint Gilles ?), aiguiseront peut-être leur sens critique.

Un ouvrage à la hauteur du site de son auteur donc, qui évite là l’écueil de faire un livre pour faire un livre. Seul bémol : les chapitres, quelle que soit leur forme, sont passionnants et font mouches chaque fois qu’ils traitent d’un sujet évocateur pour la grande majorité des lecteurs (les sagas du cinéma américain, le collège, les Yorkshires), mais semblent moins drôles et/ou pertinents lorsque l’auteur aborde des sujets qui, faisant probablement partie de sa culture personnelle, sont peut-être un peu moins drôles pour les profanes (le passage sur les rôleurs, notamment). D’où un léger soupçon de remplissage, mais qui, mis dans la balance avec les éclats de rire, les diatribes vengeresses, le style d’écriture et la culture générale caractérisant le tout, ne pèse pas bien lourd.

Bruno Decottignies, https://brunodecottignies.wordpress.com

*Le livre compte toutefois une part de contenus déjà publiés sur son blog.

L’odieux Connard, Qu’il est bon d’être mauvais, Points (juin 2015)


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Charlotte PALMA - Auteur

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