Théâtre // Tom à la ferme

Le chorégraphe, performeur et brésilien Wagner Schwartz nous livre ses impressions après avoir vu la pièce de Michel Marc Bouchard, "Tom Na Fazenda", mise en scène par le brésilien Rodrigo Portella. Une pièce bouleversante sur le deuil, le mensonge et bien sûr l’homophobie, dont il a subit les foudres, et qui atteint de tristes records au Brésil.

Après la mort de son amant, Tom, dévasté, se rend au fin fond de la campagne pour ses funérailles. Il y rencontre sa mère, qui ignore l’orientation sexuelle de son fils défunt, et son frère, un paysan viril et violent qui insiste pour que Tom cache leur relation à sa mère éplorée.

 

Ce que nous voyons sur scène se passe au théâtre. On dit souvent que cela se passe aussi en dehors.
Mais, dans la vie, il y a moins de confusion entre le bien et le mal. Une fin heureuse est appréciée. Pour cela, il y a le Feng Shui, le régime macrobiotique, le développement personnel, le christianisme – ce dernier est omniprésent, même dans les arts (d’aujourd’hui).  Il est préférable de préciser (en public) que ce n’est pas le cas. Répétez jusqu’à ce que vous y croyiez. Ou dites-le entre parenthèses (« il est dans les arts »).

 

Ils appellent le théâtre une ferme. Un autre terme pour désigner un lieu très ancien. C’est audacieux.
L’entrée est le seuil d’un lieu à un autre. L’entrée est le seuil entre le réel et l’imaginaire. Qui sont ces gens en nous ? Parfois, ils s’expriment par la parole ; souvent, ils le font par les cris. Je crie peu dans la vie, très peu. Le bien fait parler ; le mal doit être muet.

 

Dans Tom et à la ferme, ils sont l’un à côté de l’autre. Nous les écoutons. De près. Il est possible qu’ils soient mélangés, qu’ils aient échangé leurs places. Ce que nous voyons sur scène se passe au théâtre.

 

O que vemos na cena acontece no teatro. Dizem acontecer também do lado de fora. Mas, na vida, a relação entre o bem e o mal parece menos confusa. Muitos optam pelo final feliz. Tem Feng Shui, tem dieta macrobiótica, tem autoajuda, tem cristão — esse, então, está por todas as partes: nas artes (de hoje) também. É melhor afirmar (em público) não estar. Repita até acreditar. Ou afirme entre parêntesis (“está nas artes”).  Chamam o teatro de fazenda. Outro nome para um lugar antigo. Quanta ousadia. A entrada é a passagem de um local para outro. A entrada é a passagem do real ao imaginário. Quem são essas pessoas na nossa mente? Às vezes, falam; muitas vezes, gritam. Grito pouco na vida, muito pouco. O Bem faz falar; o Mal deve ser mudo. Em Tom e na sua fazenda estão lado a lado. Escutamos os dois. Bem de perto. Pode ser que estejam misturados, que tenham trocado de lugar. O que vemos na cena acontece no teatro.

 

 

Tom Na Fazenda, texte de Michel Marc Bouchard, mise en scène de Rodrigo Portella, en portugais brésilien surtitré en français, au théâtre Paris-Villette (jusqu’au 1er avril)


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Revue Bancal - Auteur

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