Une chorégraphie de la mémoire à découvrir de toute urgence au Centre culturel suisse 

Cette très belle pièce, montée en collaboration par  deux compagnies, nous invite à cheminer sur le fil de la mémoire.  Matérialisée sur scène par  une longue ligne, dont les méandres et détours dessinent  tantôt un pays, tantôt une généalogie, la mémoire  des comédiens se déroule et convoque leurs souvenirs. Ceux d’une enfance rurale et simple, de leur émancipation de jeunes adultes, de leurs premiers pas au théâtre ou encore de leur complicité dans le travail.

C’aurait pu être un peu décousu, foutraque, mais il n’en est rien. Cette fiction, teintée de réel, est surtout ponctuée d’histoires inattendues, drôles, tragiques et marquantes. « Staying alive», chanson emblématique des Bee Gees, mais aussi titre d’une pièce de théâtre à l’issue funeste ou encore application i-phone pour prodiguer un massage cardiaque en rythme, vient incarner ici,  avec ses  digressions, toute l’ironie et la poésie de la vie. Et avec leur bel accent du Sud, Paola l’Italienne et Antonio l’Espagnol y ajoutent une délicate intensité.

Car pour qui ne les connaît pas, il faut les voir ces deux-là ! Leur présence sur scène est puissante et légère à la fois, grave et humoristique. Que ce soit en imitant les poules et les moutons ou en déclamant des vers originaux de Dante ou de Manrique, ils ont à chaque instant cette grandeur fragile et bouleversante des colosses de scène.

Maya

Centre culturel suisse – Paris, 32-38, rue des Francs-Bourgeois, jusqu’au 13 juin

Texte et mise en scène : Antonio Buil, Delphine Lanza, Paola Pagani et Dorian Rossel

Avec : Paola Pagani et Antonio Buil

Dramaturgie : Carine Corajoud, Teatro Due Punti, Cie STT

Scénographie : Sibylle Kössler, Teatro Due Punti, Cie STT

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