Saxifrages // Atelier d’écriture #6 à Fresnes

Les ateliers d'écriture financés par la vente de notre livre « Saxifrages - Fictions carcérales » ont commencé le 2 mars dans la prison de Fresnes. Réunissant un petit groupe d'hommes, ils sont animés par l’écrivaine Valéry Meynadier et portent sur la correspondance, le lien épistolaire avec l’extérieur. Les écrits s’appuieront aussi sur notre recueil de nouvelles. Chaque semaine, nous publierons un compte-rendu des séances avec quelques extraits des textes des participants.
Peinture de Jackson Pollock

Atelier #6

Creuser dans le texte

20 avril 2022

 

Creuser dans le texte, voici la consigne de l’atelier. Concrètement, il faut sélectionner une nouvelle et en supprimer des bouts de phrases pour faire émerger un autre texte.  Creuser dans le texte pour déterrer des messages enfouis.

 

Cet exercice permet de s’approprier un texte, en ne gardant que les mots qui nous parlent et qui vont servir de base à notre propre récit. Laisser les idées résonner, s’exprimer à travers les mots d’autrui, raturer pour révéler, réduire pour sublimer ; ce travail créatif permet de produire des textes sans être impressionné par l’acte d’écriture, sans craindre le manque d’inspiration.

 

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Exemple issu de la nouvelle Mots dits, mots lus de Christiane Fossois

 

 

 

« Le boulanger a le bon goût du pain qui réchauffe le cœur.

Timidement, petit à petit, je lui confiais mon histoire. Ma colère, sûr.

Dans les mots des petits enfants, les voyages s’organisent.

Je t’embrasse comme un fils.

La tristesse quitte notre monde. Je te serre dans mes bras.

Je finis par sortir.

Un ami m’attendait.

Maria continua sur le chemin de la vieillesse, moi, sur le chemin de la reconstruction.

Ma dealeuse de mots.
Mots au bon goût de pain qui réchauffe le cœur. »

 

 

Exemple issu de la nouvelle 20 ans de Valéry Meynadier

 

 

« Le vide en tête. Devenir son monde à soi. Dedans. Oublié du monde.

20 ans.
Moi et rien d’autre.

Une collection de renoncements.

Beurk.

Le café, la neige, mon fils.
Sur les pierres du temple qui habillent le matin, mort, ivre, j’ai mon premier plan.
Et pendant ce temps, le monde, va.

Sauf moi, que tu as tué et j’essaie de faire sans que cela se voit.
Je continue à faire suivant ce que j’ai.
Tu oses rire devant moi.
Comment franchir la place de la morte ?

Regret. »

 

 

valérY meYnadier est écrivaine, elle anime des ateliers d’écriture et pratique l’art-thérapie en prisons. Elle fait régulièrement des lectures de ses textes dans divers lieux culturels accompagnés de comédiens et de musiciens.

http://www.m-e-l.fr/,ec,1323

 

 

 

 

 

Pour lire les nouvelles, commandez notre livre Saxifrages – Fictions carcérales à cette adresse : contact@revue-bancal.fr


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