Sang dessus dessous

Entre deux matchs de la coupe du monde au suspense hitchcockien, il est bon de s’aérer la tête au cinéma, en particulier lorsqu'on tombe sur un petit bijou comme le dernier film de Pippo Delbono.

Entre deux matchs de la coupe du monde au suspense hitchcockien, il est bon de s’aérer la tête au cinéma, en particulier lorsqu’on tombe sur un petit bijou comme le dernier film de Pippo Delbono.

Sangue de Pippo Delbono

Sangue de Pippo Delbono

Pour tous ceux qui ont raté Amore carne, son précédent film, voilà une nouvelle chance de découvrir ce réalisateur italien hors-norme. Cet immense homme de théâtre est très reconnu en Europe, un peu moins en France. En début d’année, certains ont eu l’occasion d’assister à son dernier spectacle Orchidées au théâtre du Rond-Point. Ses mises en scène doivent beaucoup à Pina Bausch et le film en donne un bon aperçu au cours de l’extrait de Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni, opéra monté à Naples.

Rencontre improbable entre le cinéaste et un ex-membre des Brigades rouges

Sangue raconte l’histoire d’une rencontre improbable : Pippo Delbono (pacifiste et bouddhiste) avec Giovanni Senzani (ex-leader des Brigades rouges). Une rencontre où s’entremêlent les histoires de deux femmes : Margherita (la mère de Pippo), catholique fervente, et Anna (l’épouse de Giovanni), opposée à la lutte armée depuis toujours, qui a décidé d’attendre son mari pendant ses vingt-trois ans de prison. Deux femmes gagnées par la maladie qui meurent à quelques jours de distance, laissant derrière elles deux hommes seuls, blessés et vulnérables.

« Personne ne peut échapper à la vie, même pas avec la mort »

Le film tourné avec une petite caméra vidéo reste au plus près des protagonistes tout en évitant l’impudeur ou le racolage qui guette le réalisateur. Pour s’en défendre, Pippo Delbono commente : « La caméra est un oeil objectif qui empêche que la douleur me transperce ». Pour s’en convaincre, il faut voir et entendre les derniers instants de Margherita à l’hôpital qui donnent lieu à une scène d’une force et d’une émotion extrêmes. Tout le film n’est qu’un cri d’amour d’un fils pour sa mère, d’une femme à son homme, d’un metteur en scène pour le théâtre. « Personne ne peut échapper à la vie, même pas avec la mort » nous prévient le sage et philosophe Pippo Delbono.

 Salih B.

Orchidées, spectacle de Pippo Delbono, du 29 janvier au 16 février 2014, au théâtre du Rond-Point

Amore carne, film de Pippo Delbono, juin 2013, avec Bobò, Irène Jacob, Marie-Agnès Gillot


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Charlotte PALMA - Auteur

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