RENCONTRES TRANSVERSALES // En même temps

« Comment dire en même temps toutes les idées qui occupent notre esprit en l'espace d'une seconde ? Cette curiosité, qui anime la pièce de Grichkovets, définit mon désir de mise en scène. Dans ce monologue, un jeune homme raconte comment il prend conscience de l'incroyable complexité de son corps et de la profusion de pensées qui l'assaillent sans qu'il puisse les contrôler. La prise de conscience devient un enjeu d'écriture et de représentation : comment dire que nous vivons, pensons et regardons « en même temps » ? » Chloé Bruchon

« Comment dire en même temps toutes les idées qui occupent notre esprit en l’espace d’une seconde ? Cette curiosité, qui anime la pièce de Grichkovets, définit mon désir de mise en scène. Dans ce monologue, un jeune homme raconte comment il prend conscience de l’incroyable complexité de son corps et de la profusion de pensées qui l’assaillent sans qu’il puisse les contrôler. La prise de conscience devient un enjeu d’écriture et de représentation : comment dire que nous vivons, pensons et regardons « en même temps » ? » Chloé Bruchon

 

En même temps, Cie Claire Sergent

Lors des discussions qui ont suivi la représentation de En Même temps, deux niveaux de réception se sont imposés. D’un côté, les gens qui découvraient le spectacle pour la première fois ; de l’autre, ceux qui l’avaient déjà vu. Des attentes différentes nous animaient donc, d’autant que  les mises en scène précédentes – celle de décembre 2015 à la Comédie de Reims notamment – bénéficiaient d’une structure scénographique absente de la mise en scène de La Loge. Si à Reims, l’acteur jouait dans une sorte de cage faite de tulle sur laquelle était projetée de la vidéo, à La Loge, Chloé Brugnon a délaissé le travail formel au profit d’un retour à la proximité acteur / spectateurs. Seule exception à cette règle : l’usage de diapositives projetées à même le corps de l’artiste ; une idée trouvée pendant les répétitions à La Loge, « au hasard ».

Lorsque la metteuse en scène, Chloé Brugnon, nous parle de la mise en espace du spectacle sur la scène de La Loge, elle raconte les nombreuses tentatives de réagencement de la salle afin de traduire au mieux cette volonté de proximité, voire d’intimité, entre son acteur Maxime Kerzanet et le public. Il a même été question de réduire l’espace de jeu au minimum et de cerner l’interprète des spectateurs. L’idée finalement retenue a été d’installer Maxime Kerzanet à une table très proche des premiers rangs et de laisser un grand espace vide à l’arrière scène, traduisant la nécessité de l’espace pour comprendre le rapport de proximité. On garde ainsi l’idée de réduire au maximum l’espace du jeu mais sans l’enfermer.

Ce choix de la nudité du plateau, laisse place libre au jeu de l’acteur, seul en scène. Et c’est justement sur l’interprétation de Maxime Kerzanet que la discussion s’est centrée. Tout le monde s’est accordé sur ses grandes qualités d’interprétation, son aisance, dans un jeu caractérisé par sa douceur. Il nous attrape avec douceur et nous emporte avec lui dans son monde intérieur. Ce mode de jeu a par ailleurs été questionné : Etait-il propre à faire sentir le temps qui s’étire à mesure que le personnage tente de mettre des mots sur l’idée de simultanéité ? Cette pondérance, et constance, par extension, peuvent donner l’impression que nous sommes au même endroit au début et à la fin du spectacle, alors que beaucoup de chemin a été fait. À l’inverse, la fin du spectacle est assez brutale, ne prenant peut-être pas assez la mesure du voyage fait par le spectateur.

Les adresses directes aux spectateurs qui parsèment la représentation ont été perçues différemment. Certains – majoritairement ceux qui avaient déjà vu le spectacle –  auraient eu besoin de plus « d’illusion », et de dialogue pour véritablement adhérer. D’autres ont trouvé ces adresses particulièrement agréables en ce qu’elles permettaient de faire sien le propos du protagoniste, et dans le texte d’Evgueni Grichkovets.

Le texte, en forme de digression, est extrêmement construit tout en laissant libre le spectateur de s’évader dans sa propre intériorité. Cette écriture a eu pour effet de susciter parmi nous, l’envie de lire le texte à part soi, tant il fait échos à nos pratiques les plus communes. Sa construction semble aller de l’anecdotique à l’intime, ce qui a pour effet de rendre le personnage plus vivant, plus « réel ».

Comme Big Shoot, ce texte a été édité au début des années 2000, et encore une fois : la question de l’actualité des textes contemporains s’est posée. En effet, lorsque Maxime Kerzanet évoque les climats de guerre en prenant pour exemple la Seconde Guerre mondiale ou la Révolution Française, il était difficile de ne pas penser aux conflits récents et présents, bien différents des guerres passées. La question de la prise en charge de textes récemment édités reste entière.

La joyeuse équipe des Rencontres Transversales

Chloé Brugnon (Cie Claire Sergent) – EN MÊME TEMPS


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Charlotte PALMA - Auteur

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