RENCONTRES TRANSVERSALES // Elle revient

Une nouvelle Rencontre Transversale a eu lieu mercredi 18 janvier sous le signe de la relation mère-fille avec Elle revient de la Cie Les Pieuvres, un sujet que la compagnie juge trop rare dans la création artistique

Une nouvelle Rencontre Transversale a eu lieu mercredi 18 janvier sous le signe de la relation mère-fille avec Elle revient de la Cie Les Pieuvres, un sujet que la compagnie juge trop rare dans la création artistique.

Elle revient
Inspirée du téléfilm Strangers de Guzman, Elle revient met en scène une fille, qui après 20 ans d’absence et de silence, revient chez sa mère pour mourir. Montée de façon à construire une histoire qui touchait toute l’équipe artistique, la metteuse en scène ainsi que les deux comédiennes ont essayé de faire en sorte que ce soit le plus sincère possible.  Et si tout le monde s’accorde sur la qualité et les performances des comédiennes, les avis divergent sur le sentiment d’ensemble, Elle revient a pas mal bousculé les spectateurs et les échanges de cette rencontre ont été fragiles à la sortie du spectacle.

En effet, comment parler d’une pièce qui renvoie à ce point les spectateurs vers leur intime et provoque un sentiment de malaise, de gêne, une émotion crue… ?

Si certains spectateurs ont apprécié de pouvoir se balader entre/et de défendre les deux postures, celle de la mère et celle de la fille, le sujet en lui-même reste chargé : il s’ouvre sur la magie de la naissance et se clôt sur la mort.

La mise en scène participe de cette charge émotionnelle :

On est dans un huis clos :
« L’histoire est un huit clos, il y avait cette volonté concrète de le mettre en scène en encerclant les comédiennes par le public et les renvoyant à leur propre image réfléchie par le miroir au sol. On voulait aussi prendre des trucs du cinéma et le quadri-frontal permet de voir et de rater quelque chose. Il y a aussi un côté ring ». (Sol Espeche, la metteuse en scène)

Le spectateur est en pleine lumière :
Pour certains, le fait de voir les spectateurs était un peu perturbant, certains ne regardaient que les comédiennes, d’autres regardaient aussi les spectateurs, pour d’autres encore la lumière retenait l’émotion et permettait  de poursuivre l’écoute du spectacle, de faire des allers-retours intellect-émotion.

La musique :
L’émotion véhiculée dans ce spectacle, passe également par une utilisation de la musique assez mélodramatique.

Des échanges a posteriori (chose inhabituelle dans les Rencontres, mais ici nécessaire vu l’incapacité de certains à en parler tout de suite après, encore sous le choc émotif) ont permis d’interroger la place du spectateur.

Certains n’ont en effet pas aimé, a posteriori, se sentir ainsi « pris » par l’émotion. Ils y ont vu une forme de violence faite au spectateur. Comme si le spectateur n’avait pas d’espace pour accéder librement, par lui-même, à l’émotion et à l’imaginaire. Mais peut-être est-ce lié à difficulté de passer d’un téléfilm au théâtre : comment remplacer le filtre ou la distance que sont, dans la vidéo, l’écran et les enceintes ? Comment redonner un espace d’indépendance au spectateur ?

En tout cas, indéniablement, un spectacle qui a beaucoup ému, sur un sujet grave. Certains y voient un détonateur permettant souvenirs et réflexions, d’autres au contraire, un sucre rapide, insuffisant en termes d’espace personnel.

Elle revient – Volet 1 Cie Les Pieuvres, librement inspiré de Strangers (a story of a mother and daughter) écrit par Michael De Guzman, traduction et adaptation : Ophélie Cuvinot-Germain, Sol Espeche, Anouk Féral, Isabelle Fournier, mise en scène : Sol Espeche, jeu : Anouk Féral et Isabelle Fournier, lumières : Lucas Doyen, son : Pascal Neyron
Interview de la metteuse en scène Sol Espeche à retrouver ici

 

 


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Charlotte PALMA - Auteur

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