RENCONTRES TRANSVERSALES // Big Shoot

Alexandre Zeff, metteur en scène du spectacle Big Shoot, adapté du texte de Koffi Kwahulé (Éditions théâtrales, 2000), recrée sur la scène de La Loge, le plateau d’une étrange télé-réalité à l’américaine où l’on vient des quatre coins du monde pour être abattu d’une balle dans la nuque par « Monsieur », présentateur aussi charismatique qu’effrayant. « Stan »,  victime volontaire du show qui se joue  est le dernier homme vivant de la Cité. Le spectateur est ainsi catapulté dans la position du voyeur avide de cette ultime exécution, du BIG SHOOT.

Alexandre Zeff, metteur en scène du spectacle Big Shoot, adapté du texte de Koffi Kwahulé (Éditions théâtrales, 2000), recrée sur la scène de La Loge, le plateau d’une étrange télé-réalité à l’américaine où l’on vient des quatre coins du monde pour être abattu d’une balle dans la nuque par « Monsieur », présentateur aussi charismatique qu’effrayant. « Stan »,  victime volontaire du show qui se joue  est le dernier homme vivant de la Cité. Le spectateur est ainsi catapulté dans la position du voyeur avide de cette ultime exécution, du BIG SHOOT.

Big Shoot, Cie La Camara Oscura

Après la représentation, la discussion s’est tout de suite orientée vers le dispositif scénique, très impressionnant, du spectacle. La présence d’une imposante cage en verre au milieu de la scène, le travail des lumières et du son (via la performance live du Mister Jazz Band notamment – nous y reviendrons) font de la scénographie l’un des premiers rôles de Big Shoot. Tant et si bien que la question s’est posée de son adéquation à la scène de La Loge, peu habituée à abriter un objet d’une telle ampleur.  Mais loin d’être une démonstration technique gratuite, la scénographie nous parait expliciter un texte caractérisé par son étrangeté, perdant parfois (et à dessein !), le spectateur. Elle faciliterait l’accès au sens du spectacle.

Objet étrange donc, que ce texte qui opère une certaine fascination sur le spectateur, l’entraîne, sans pourtant qu’il ait compris ses enjeux au départ. Le sens des échanges entre les deux protagonistes n’apparaît pas premièrement mais, alternant entre violence et jubilation, captivent et intriguent. Cette incertitude rend initialement supportable la position de spectateur / voyeur dont nous prenons peu à peu conscience, à mesure que le brouillard se dissipe et que la radicalité de la proposition s’impose. Nous nous sommes arrêtés un moment sur cette « violence » servie par le texte en constatant que les télé-réalités diffusées aujourd’hui, allait encore plus loin dans la violence verbale comme dans la vulgarité. Le texte a 15 ans. Ce n’est pas vieux, et pourtant une certaine obsolescence se dessine déjà, posant la question de la difficulté d’adapter des textes qui nous sont contemporains.

La prise en charge du texte est un réel défi, magnifiquement relevé par les deux comédiens brillamment dirigés par Alexandre Zeff. D’un côté, Jean-Baptiste Anoumon, flamboyant bourreau, show man halluciné, prophète plébiscité d’une cité amorale. De l’autre, Thomas Durand, qui, avec une grande finesse de jeu, parvient, de victime volontaire, à se hisser à la hauteur du premier, jusqu’à faire vaciller le rapport de force entre eux deux.

Et surtout, ils prennent ponctuellement en charge le pan musical du spectacle. Celui-ci est assuré par un groupe de jazz – le Mister Jazz Band – présent en fond de scène, qui nous offre une prestation d’une grande qualité.  Le jazz a une très grande influence dans l’écriture de Koffi Kwahulé, qui lui donne rythme et impulsion. Dans Big Shoot, Alexandre Zeff fond la musique jazz dans la matière théâtrale pour un tout unifiant. Le groupe agit comme lien entre tous les éléments scéniques, et comme soutien à la fois narratif et rythmique, livrant des passages d’une intensité folle.

La joyeuse équipe des Rencontres Transversales

Alexandre Zeff (Cie La Camara Oscura) – BIG SHOOT


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Charlotte PALMA - Auteur

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