Photo // La poétique des brumes

C’est à l’occasion d’un voyage dans les montagnes d’Alishan que Marine Giangregorio et Yu Zhang découvrent le peuple Tsou, une communauté autochtone taïwanaise. De cette découverte est né le projet « Être Tsou » qui propose à travers un documentaire, une table ronde et une exposition de photographies, d'observer les traditions et l'économie locale d'un lieu empreint de la poétique des brumes. Rencontre avec la cinéaste, photographe et poétesse Marine Giangregorio.

Alishan est une chaîne de montagnes située sur l’île de Taïwan. C’est un territoire traditionnel du peuple Tsou. Marine Giangregorio et Yu Zhang sont allés à sa rencontre au cœur du village Tapangu, afin d’interroger certains membres de la tribu Tsou sur leur rôle dans la préservation des coutumes et dans l’évolution de leur société.

 

Peux-tu nous décrire ton univers artistique en quelques mots ?
Je m’exprime à travers différents médiums artistiques. Mes photographies argentiques invitent à voyager au cœur d’un univers poétique et mystérieux où la nature est muse. Mes poèmes sont tissés de sagesse, de sensualité mais aussi de mélancolie et de brutalité. Mes peintures sont brutes, instinctives. Enfin, le documentaire est un outil me permettant d’évoquer des sujets de société.

 

Quelle est la genèse de ton projet Être Tsou ?
Yu Zhang, doctorant en sociologie dans le laboratoire CCJ (Chine, Corée, Japon) de l’EHESS m’a proposé de l’accompagner dans cette aventure qui lui avait été suggérée par French Taïwan Studies, un projet soutenu par le CNRS, l’EHESS et le Ministère de l’éducation taïwanais. Nous sommes ainsi allés au cœur du village Tapango afin d’interroger certains membres de la tribu Tsou sur leur rôle dans la préservation des coutumes et leur contribution à l’activité économique locale.

 

Qu’ont à nous apprendre les sociétés autochtones taïwanaises ?
Au contact des habitants Tsou, de Tapango, j’ai découvert une manière d’être ensemble, de faire corps ainsi qu’un rythme de vie auquel la nature donne la cadence. Il sont respectueux de leur environnement, vivent avec lui dans une parfaite harmonie, même si les fréquents typhons peuvent être très violents et destructeurs. Ils mettent tout en œuvre pour vivre de manière autonome, loin de l’opulence et de la surconsommation présentes dans les grandes villes. Ils sont également très soucieux de la survivance de leur langue, qui, pour eux, est fondamentale dans la transmission de leur culture et de leur histoire. Ils sont fiers d’être Tsou mais souhaitent s’inscrire dans l’évolution de leur société et tentent ainsi de concilier tradition et modernité.

 

Tu es aussi poétesse. Comment les disciplines artistiques – la poésie, la photo et le cinéma – communiquent-elles dans ton travail ?
La poésie rejoint davantage mes photographies que mon cinéma. Pour l’instant, je veux utiliser le cinéma pour aborder des sujets de société ou des questions plus philosophiques. J’aime marcher, c’est un besoin, au cours de mes déambulations peuvent éclore, une photographie comme une rencontre ou le bourgeon d’un poème. C’est pourquoi, ces deux arts m’accompagnent, silencieusement, au quotidien.

 

Propos recueillis par Céline

 

 

Être Tsou, film documentaire de Marine Giangregorio et Yu Zhang, projection le vendredi 23 octobre, à 14h, à l’EHESS (105 bd Raspail, Paris 6e), inscription à evenementtsp@ehess.fr

Poétique des brumes, photographies de Marine Giangregorio, exposition du 19 octobre au 6 novembre 2020 à l’EHESS (54 bd Raspail, Paris 6e).

http://etre-tsou.frenchtaiwanstudies.org/

Pour les photos en couleurs : © Yu Zhang, en argentique, noir et blanc: © Marine Giangregorio

 


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Revue Bancal - Auteur

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