Musique de rue

Romain, professeur de collège, joue depuis peu de l’accordéon diatonique dans les rues de Carcassonne et des environs. Autodidacte, il joue seul ou en groupe, sur les marchés ou dans les bals traditionnels. Il nous livre ici son parcours d’accordéoniste marqué par les rencontres et les échanges que la musique de rue permet avec beaucoup de chaleur et de générosité.

Paroles d’un accordéoniste de rue

Romain, professeur de collège, joue depuis peu de l’accordéon diatonique dans les rues de Carcassonne et des environs. Autodidacte, il joue seul ou en groupe, sur les marchés ou dans les bals traditionnels. Il nous livre ici son parcours d’accordéoniste marqué par les rencontres et les échanges que la musique de rue permet avec beaucoup de chaleur et de générosité.

Romain armé de son accordéon

Romain armé de son accordéon

Qu’est-ce qui vous a amené à l’accordéon diatonique ?

Je me souviens d’une scène qui m’a fortement impressionné : une femme sur un marché de village jouant de l’accordéon diatonique face aux montagnes.

Cette scène vivait encore en moi quand, quelques années plus tard, alors que j’étais installé depuis une année à Carcassonne, j’ai rencontré un joueur du même instrument. Je l’ai immédiatement invité à manger chez moi, désireux de mieux connaître le « piano à bretelle » et de tâter moi-même du bouton !

Il était arrivé de Toulouse à vélo par le canal du midi, la boîte à musique solidement amarrée à une charriot spécialement prévu à cet effet ! Il m’a invité à son tour à un bal traditionnel sur le bord de la Garonne pour une guinguette improvisée avec lampions et ciel étoilé. Je découvrais alors le monde inconnu des cercles circasiens, scottish, valses à 5 temps, polkas… et ma préférée : la mazurka.

Comment avez-vous appris à en jouer ?

J’ai appris, et continue d’apprendre, grâce à Youtube, où tous les joueurs du monde postent leurs vidéos. Par mimétisme, en déchiffrant leur doigté et en y aiguisant mon ouïe. J’y ai découvert des morceaux insoupçonnés que je sifflote depuis régulièrement sans m’en rendre compte. Je m’aide pour les morceaux les plus complexes, de tablatures postées aussi sur le net par des passionnés.

J’ai d’abord joué pour moi, puis un jour j’ai rejoint un groupe de musiciens itinérants composé de cabrette (petite cornemuse auvergnate), de violons, d’accordéons, de boudègue (grosse cornemuse traditionnelle de la montagne noire faite dans une peau entière de chèvre), flûtes en tout genre, percussions traditionnelles (ou de cajon), etc.

Scène de rue à Carcassonne (Strohviol, accordéon diatonique, flûte traversière)

Scène de rue à Carcassonne (Strohviol, accordéon diatonique, flûte traversière)

Avez-vous des lieux de prédilection pour jouer de l’accordéon ?

En groupe, nous jouons dans les rues, sur la place du marché, dans des bars, au bal traditionnel de la ville… Seul, je m’entraîne souvent sur le vieux pont d’où on aperçoit les Pyrénées, de l’après midi jusqu’à minuit sous les lampadaires. De temps en temps, un couple valse avec les papillons de nuit. Selon mon humeur, je joue aussi sous la voûte d’une des portes de la cité médiévale car l’acoustique vaut le détour. Depuis peu, j’ai demandé une autorisation au maire afin de jouer les jours de marchés à Carcassonne… J’ai alors le sentiment que la boucle est bouclée.

Cet instrument facilite-t-il les contacts, les échanges, de par son côté convivial et populaire ?

Globalement, cela suscite beaucoup de sourires… Des larmes aussi parfois, lorsque la musique fait remonter le souvenir d’un être proche disparu qui jouait de l’accordéon. Les personnes âgées sont très réceptives car le son les renvoie aux bals de leur enfance. Les commerçants sont ravis et apprécient l’accordéon qui apporte une touche d’authenticité à leur quartier. Bien sûr, les touristes sont aux anges (je n’ai jamais été autant mitraillé !). Certaines personnes ne font que m’écouter en passant, parfois elles s’attardent. Les enfants s’arrêtent médusés, les adultes prennent le temps de se poser, d’enlever leur casque audio pour écouter et surtout les gens dansent : les enfants sont toujours plus spontanés, les danseurs traditionnels ne résistent pas à la valse… et ceux qui connaissent les paroles chantent en occitan quand c’est un air local.

Accordéon diatonique

Accordéon diatonique

Vous disiez entrer en contact facilement avec des inconnus, certaines rencontres vous paraissant inimaginables à Paris. Pourquoi selon vous ? L’accordéon peut-il aider à ça ?

Je pense que ces échanges sont facilités par la dimension humaine de la ville. Bien sûr, l’accordéon est un catalyseur. C’est parce qu’un air de musique me plaît que je m’arrête pour discuter avec les musiciens… alors ils rentrent dans ma vie comme je rentre dans la leur. A l’inverse, d’autres m’abordent parce que je joue, on se donne rapidement nos numéros pour échanger des informations sur l’accordéon, sur les bals traditionnels ou pour que l’on se revoie… (J’ai d’ailleurs rencontré mon amie de cette manière, elle danse et joue aujourd’hui de l’accordéon avec moi).

Tout cela m’encourage à continuer, je n’ai jamais rencontré autant de personnes depuis que je joue dans la rue.

Propos recueillis par Céline.

Pour en savoir plus :

Scène de rue à Carcassonne (Strohviol, accordéon diatonique, flûte traversière)  : vidéo.

Calendrier collaboratif des danses et musiques traditionnelles http://agendatrad.org/

Arpalhands : association de musiques et de danses traditionnelles en Midi-Pyrénées

 


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Charlotte PALMA - Auteur

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