Mes listes

Mes listes, Facebook et moi et moi et moi...

Mes listes, Facebook et moi et moi et moi…

 Billet d’humeur, Bruno, le 15 juillet 2013

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J’écris des listes. J’en fais beaucoup, des listes, de toutes sortes. Des listes de courses, de choses à faire, de films à voir, de musique à écouter, d’expos ou de lieux à visiter ; des listes de « pour » et « contre » histoire de m’encourager à abandonner certains travers, ou à me motiver à entreprendre.

Des listes de gens à voir aussi ; à appeler, à qui écrire. Des listes d’amis. Pas spécialement de hiérarchie, je fais pas de classement non plus. Ca va du petit truc de 10 personnes un peu perdues de vue – pour prendre des nouvelles, au gros bottin comme sur Facebook. Sauf que je les connais tous dans la vraie vie ceux-là. Des vraies personnes, avec qui j’ai noué des liens tangibles sans avoir eu besoin d’Internet, ni même d’ordinateur.

Pourquoi faire des listes d’amis ? Pour simplement faire le point parfois. Me motiver souvent. Suis devenu socialement fainéant. Un gros fainéant. Suffit d’allumer Facebook justement. Et là, magie ! Tout le monde y raconte sa vie, poste des photos, balance des liens vers des articles intéressants ou non, drôles ou pas, inquiétants, parfois. On est au courant des soirées à venir, des anniversaires, des mariages, des naissances, des décès. Quelques clics et tout le travail est mâché (suspect comme expression). Plus besoin d’appeler ou de demander des nouvelles de quelqu’un à quelqu’un.

Sauf que c’est mal barré en fait, n’écrivent et ne postent que ceux qui le veulent. En gros un bon quart de mes contacts. Séparons ensuite là dedans ceux que je connais réellement et que j’ai fréquenté ou que je fréquente, et d’autres, croisés une fois ou deux y a 3 ans ou 6 mois. Pas des inconnus complets (à part quelques exceptions). Mais surtout à force de posts et de statuts, j’en connais plus sur eux, sur leurs activités, parfois sur leurs peines et leurs joies, que sur des amis proches ou de la famille. Bizarre. Limite tordu quand « j’analyse » ça : c’est plus ou moins du voyeurisme (vu que moi-même je poste pas grand chose sur ma page)… Ben c’est du voyeurisme en fait.

Je relie ça à mon sentiment de solitude actuel ? Bah voui andouille ! Y a plein d’articles et d’études qui en parlent et corroborent (de façon plus scientifique ou plus brillante que moi d’ailleurs, ouais, renseignez-vous, cherchez, lisez…) ce que je suis en train de raconter : corrélation évidente entre utilisation biaisée de Facebook et sentiment de solitude.

Alors quoi ?

Ben alors rien.

Au moins suis pas tout seul avec ce sentiment. Et suis pas tout seul non plus à trouver étrange d’en savoir plus sur de quasi inconnus ou de vieilles connaissances que sur mes proches (de moins en moins proches à vrai dire).

Pourquoi je prends plus de nouvelles des gens que j’aime ? C’est l’âge ? Perdu l’habitude ? Déformé par la technologie ? Un bon mix des trois…

J’utilise mon portable pour envoyer des textos, pas pour téléphoner. Avant Facebook, j’écrivais de longs mails à mes copains hors de Paris ou à l’étranger. Maintenant de moins en moins.

Bien sûr, certaines situations évoluent, le couple, les enfants, le boulot, les gens changent. Certaines amitiés se transforment, s’éteignent parfois.

Mais toutes ?

Vrai que je suis un jardinier de merde. Mes plantes dépérissent assez facilement… Faut donc arroser régulièrement ses amis. Certains plus que d’autres, ils n’ont pas tous la même nature, ne vivent pas dans le même environnement les uns et les autres. Faut en prendre soin en s’adaptant à chacun.

Pour être honnête, j’ai pas la main verte avec mes amis. C’est parce que je suis un passif abandonnique (dixit mon psy, la dernière fois qu’on s’est vu, c’était y a plus d’un an. Depuis je boude…). Le mec en retrait qui trouvait toutes les activités nulles en colo, c’était moi. Le collègue qui ne raconte pas son week-end parce que c’était pourri et qu’il n’a rien fait, vu personne et pourtant maudit la terre entière que personne ne pense à lui…

Ouais ouais, complètement moi.

Je me suis bien amusé en colo en fait,  j’ai fini par rencontrer des gens sympas. J’ai eu des collègues attachants aussi. A force, il me faut du temps, mais moi aussi j’aime bien me lier aux gens, nouer des amitiés, et tout et tout. L’homme est un animal social, hein !

Simplement je veux qu’on m’aime et qu’on vienne me chercher, mais je fais aucun effort, j’attend que les autres viennent vers moi.

Un dépressif bien casse-couille. Qui repousse chaque jour un peu plus les limites de la bonté humaine. Sa patience, son endurance à créer et à maintenir du lien. Suis devenu comme ça au fil des ans, même si j’avais de bonnes prédispositions au départ.

Bon, moi qui voulais me dédouaner en accusant Facebook, c’est loupé.

Vais continuer mon auto-analyse, en gardant d’ailleurs à l’esprit que le plus dur n’est pas de créer des liens mais de les maintenir, les faire grandir, les faire s’épanouir.

Pour ça faut les nourrir, surveiller leur état et les arroser s’ils dépérissent (avant c’est mieux d’ailleurs…) ; s’en occuper comme un jardinier quoi !(je précise quand même que je ne prends pas mes amis pour des plantes vertes, hein, encore moins pour des légumes !)

Mieux d’ailleurs, vais arrêter d’analyser, et agir. Ca me changera.

@Bruno, 2013


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Charlotte PALMA - Auteur

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