Mehitza. Ce que femme voit
09/09/2015
A travers une cinquantaine de photographies exposées au Musée d'art et d’histoire du Judaïsme, l’artiste Myriam Tangi met en image la mehitza, la division en hébreu, entre l’espace réservé aux hommes et celui réservé aux femmes dans la synagogue. Une exploration en noir et blanc de l’expérience féminine du rituel judaïque et de la place des femmes dans le monde juif.
A travers une cinquantaine de photographies exposées au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, l’artiste Myriam Tangi met en image la mehitza, la division en hébreu, entre l’espace réservé aux hommes et celui réservé aux femmes dans la synagogue. Une exploration en noir et blanc de l’expérience féminine du rituel judaïque et de la place des femmes dans le monde juif.
Cachées, reléguées au fond ou à l’étage sur un balcon de la synagogue, les femmes, séparées des hommes, ont traditionnellement un accès indirect au rituel religieux. A cet éloignement contraint s’ajoutent les voiles, les rideaux, les grilles, les parois plus ou moins opaques qui entravent leur champ de vision et ne leur offrent qu’une expérience partielle de la cérémonie.
Myriam Tangi s’est mélangée à ces femmes, mères, sœurs et filles pour réaliser un travail artistique puissant et d’une grande beauté formelle. La distance et les séparations physiques procurent aux photographies des effets de lumières uniques, des jeux d’ombres, des visions de corps d’hommes fragmentés, d’arabesques se superposant à la scène religieuse.
Parce qu’elles nous permettent de ressentir pleinement l’exclusion subie par les femmes, les photographies sont extrêmement violentes et douloureuses. Face à la beauté de l’univers et des traditions judaïques, on est frappé par l’injustice de cette ségrégation qui relègue les femmes au second plan. On a presque la nausée en découvrant qu’elles n’ont accès qu’à des détails insignifiants des rituels faits par et pour leurs pères, leurs fils, leurs frères.
Si l’intention de l’artiste n’est pas de dénoncer la séparation, Myriam Tangi questionne à travers son projet artistique la place et le rôle de la femme dans les rituels religieux. Selon elle, si la division est nécessaire, elle doit rester égalitaire et respectueuse. « Si la séparation est une nécessité, que vient-elle nous enseigner lorsqu’elle sépare les hommes et les femmes ? Si la séparation n’est pas une ségrégation, mais est synonyme de liberté, elle ne doit pas rimer avec relégation : cette place peut et doit être repensée. J’ai donc été amenée à diviser la problématique de la mehitza en deux : séparation et place. D’où la nécessité également de repenser la notion d’“égalité”. »
Céline
Mehitza. Ce que femme voit, photographies de Myriam Tangi, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (Paris 3e), jusqu’au 24 janvier 2016
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