Médias // Le #metoo des journalistes

Le journaliste vedette d’une grande émission d'informations à succès est accusé d’agressions sexuelles et de viols sur plusieurs de ses collaboratrices. L’histoire révèle « un schéma de domination qui mêle abus de pouvoir et sentiment de toute-puissance, écrasement des plus faibles et silence complice »* et devient un symbole de la lutte contre le système patriarcal et la misogynie qui règnent au sein de certains médias.

Une grande chaîne de télévision se retrouve dans la tourmente après que son journaliste vedette est accusé d’agressions sexuelles et de viols par plusieurs femmes. « Un schéma de domination qui mêle abus de pouvoir et sentiment de toute-puissance, écrasement des plus faibles et silence complice »*. L’histoire permet à de nombreuses femmes de témoigner et de dénoncer le sexisme et les violences systémiques dans certains médias.

 

Voilà le résumé de l’excellente série américaine (Apple TV+) The Morning show avec Jennifer Aniston, Reese Witherspoon et Steve Carell créée par Kerry Ehrin.

 

Voici le résumé de la désastreuse affaire PPDA, dans laquelle le journaliste Patrick Poivre d’Arvor est accusé par huit femmes pour des faits supposés de viols, agressions ou harcèlements sexuels. Le journal Libération vient de publier le témoignage des huit accusatrices, dont sept à visage découvert. Depuis, elles ont lancé l’association #Metoomedias pour libérer la parole dans le milieu médiatique**.

 

Dans la fiction et dans la réalité, sont facilement identifiables les victimes (celles déclarées) d’un côté et les salauds de l’autre. Les salauds sont les accusés en premier lieu mais aussi ceux (issus des sphères du pouvoir) qui ont minimisé la gravité des faits ou rejeté la faute sur les victimes, trop soucieux de préserver une structure qui leur offrait des privilèges et des prérogatives.

Entre les deux, existe une masse floue et mouvante d’individus qui n’ont rien vu, n’ont rien dit par lâcheté, par peur, par déni. Ceux qui ont protégé voire encouragé pour leur carrière, par solidarité ou intérêt personnel. Ceux qui ont été manipulés ou contraints au silence. Pas de vrais salauds, pas vraiment coupables mais assurément responsables et complices d’un système qui a facilité et accepté les agissements d’un violeur pendant de nombreuses années.

 

Dans la fiction et dans la réalité, les salauds restent impunis ou si peu, tandis que les victimes sont marquées à vie. Dans la série, l’accusé reste longtemps dans le déni : au moment des faits, trop aveuglé par le pouvoir qu’il exerce sur les femmes et par l’habitude qu’il a de se servir d’elles pour son propre plaisir, il lui est impossible de se voir en agresseur. Il faudra un événement tragique pour qu’il réalise le mal qu’il a fait. Dans la réalité et à l’heure actuelle, le journaliste PPDA nie toujours les faits.

 

L’un des points forts de la série est de montrer combien cette prise de conscience, si elle n’est pas suffisante, est hautement nécessaire : qu’ils comprennent enfin le mal qu’ils font.

 

Céline (sur une idée de Delphine)

 

Violences sexuelles : elles accusent PPDA, in Libération (10 novembre 2021) : https://www.liberation.fr/dossier/violences-sexuelles-elles-accusent-ppda

** Un mail est à disposition des victimes qui souhaiteraient apporter leur témoignages à l’adresse : contact@metoomedias.org ainsi que le hashtag #metoomedias sur Twitter

 


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Revue Bancal - Auteur

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