L’art « hors les murs »

Une belle initiative de démocratisation de l’art voit le jour à Saint-Germain-en-Laye, sous la forme d’une artothèque privée. Revue Bancal est allée à la rencontre de Michel Huguet, son fondateur, et l’a questionné sur ce projet singulier.

Une belle initiative de démocratisation de l’art voit le jour à Saint-Germain-en-Laye, sous la forme d’une artothèque privée. Revue Bancal est allée à la rencontre de Michel Huguet, son fondateur, et l’a questionné sur ce projet singulier.

Comment fonctionne une artothèque?

Une artothèque repose sur le même principe qu’une bibliothèque, la seule différence c’est qu’ici les livres sont remplacés par des œuvres d’art. Une cotisation mensuelle permet à tout un chacun d’accéder à l’ensemble des œuvres du fonds.

Corneille, Oiseau Paradis

Ce déplacement de l’art « hors les murs » désacralise l’art contemporain, sensibilise et permet un rapport plus direct aux œuvres.

Pourquoi vouloir créer une artothèque ?

Pour que l’art intègre la vie quotidienne, l’espace privé ou professionnel. En s’inscrivant dans une artothèque tout usager peut emporter une œuvre pour une durée limitée, l’amener chez lui, l’exposer dans son salon avant de la ramener et d’en prendre une autre. Ce déplacement de l’art « hors les murs » désacralise l’art contemporain, sensibilise et permet un rapport plus direct aux œuvres.

Si les artothèques telles que les souhaitait André Malraux, n’ont pas ou peu fonctionné, c’est avant tout, je pense, parce que le public n’était pas prêt à ce mode de consommation. Aujourd’hui, cela est en train de totalement changer, la notion d’achat, de possession est en train de s’effacer au profit d’un type de consommation basée sur l’emprunt.

Et puis ouvrir une artothèque permet aussi donner de la visibilité à des artistes émergents. Le fonds porte cette ambition : donner à partager et à découvrir d’autres tendances actuelles (art brut, singulier, street art, etc.)

Comment avez-vous constitué votre catalogue ?

Le fonds de l’artothèque est aujourd’hui constitué essentiellement d’artistes contemporains ayant jalonné mon initiation artistique ces 30 dernières années (Combas, De St Phalle, Corneille, Lam, …). Je continuerai à l’enrichir d’artistes qui me semblent incontournables dans le monde de l’art de ces dernières décennies.

Combas, Tête de poire

Je souhaite également ouvrir l’artothèque à d’autres formes d’art contemporain: sculpture, photographie mais aussi les nouveaux vecteurs de l’image qui sont la sérigraphie, le digital Art.

Quelle est votre approche de l’art contemporain ?

Corneille, Visage rouge

Il faut essayer de comprendre le langage de la couleur comme on essaie de comprendre celui de la littérature ou de la musique.

Je suis persuadé que pour comprendre l’art, il n’est pas nécessaire de connaître son histoire. Je crois que l’important est de ne pas avoir de préjugés, de ne pas poser de questions au peintre, mais d’adopter une posture d’ouverture face aux œuvres et aux différents mondes de couleurs. Il faut essayer de comprendre le langage de la couleur comme on essaie de comprendre celui de la littérature ou de la musique et, comme le dit justement Yvon Taillandier  « Il faut apprendre à voir ». Personne ne vous dupera… C’est comme cela, en ouvrant une artothèque que j’entends désacraliser l’art contemporain.

Quelles sont les prochaines acquisitions de l’artothèque Saint Germain ?

Elles sont déjà arrivées mais je souhaite égoïstement en profiter ! Je peux dévoiler quelques noms : Stéphane Carricondo que j’ai découvert l’année dernière (animateur du groupe 9e concept), Manuel Ocampo qui jouit d’une bonne renommée aux États-Unis et en Asie, mais est presque totalement inconnu en Europe.

Toutes ces œuvres sont-elles proposées à la vente ?

Il est nécessaire d’enrichir constamment les collections afin de s’ouvrir à toutes formes d’art et de continuer à susciter l’envie chez tous les abonnés.

Ce n’est pas l’aspect mercantile qui m’anime. Néanmoins toutes ces œuvres représentent un coût d’acquisition important et il est nécessaire d’enrichir constamment les collections afin de s’ouvrir à toutes formes d’art et de continuer à susciter l’envie chez tous les abonnés. La vente d’œuvre d’art est proposée mais elle passe réellement au second plan.

Mon leitmotiv : « Choisissez, empruntez, regardez/apprivoisez, échangez/achetez ».

Propos recueillis par Marie

Artothèque Saint Germain, 15 Rue du Maréchal Joffre, 78100 Saint-Germain-en-Laye
http://www.art-stgermain.com


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Charlotte PALMA - Auteur

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