Performance // La vie n’est pas utile ou c’est comme ça

Projet au carrefour du théâtre, de la danse, de la littérature et des arts visuels, "La vie n’est pas utile ou c’est comme ça" est la seconde partie d’un diptyque composé d’une pièce pour trois interprètes et d’un solo-conférence. C’est le déploiement d’une recherche infinie vers et autour du merveilleux. 
Crédit photo : Osmar Zampieri

Présentée dans le cadre du festival Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis, la performance La vie n’est pas utile ou c’est comme ça de Bruno Freire questionne et ouvre une réflexion sur notre époque, la catastrophe climatique, la mort imminente de la plus grande forêt tropicale de la planète et encore d’autres défis : sera-t-on capable de reboiser/replanter, devenir forêt avec nos corps et nos villes, comment allons-nous chercher de la joie et du plaisir et ne pas tomber dans l’angoisse mélancolique et éco-climatique ? Comment faire une danse pour retarder la fin d’un monde ? Un questionnement qui part de fabulations corporelles pour, peut-être, faire danser les pensées des spectateurices.

 

Crédit photo : Osmar Zampieri

 

Voici une réponse, celle de de l’artiste hétéroclite Wagner Schwartz danseur, chorégraphe, performeur et auteur :

 

Bruno, je t’ai vu. D’autres t’ont vu aussi. Il y a encore ceux qui ne t’ont pas vu. Ils ont vu ce qui était absent, ils se sont vus eux-mêmes : leurs devoirs, leurs factures à payer, leurs frustrations, ils attendaient Godot à la place de Krenak. Il n’y a pas de mal à voir. Il n’y a pas de mal à attendre. Voici comment fonctionne ce monde – de l’art. L’important, c’est que c’était toi, là, parmi les arbres, et pas quelqu’un d’autre. Je n’ai jamais vu ton corps danser comme je l’ai vu aujourd’hui. Je me souviens d’avoir vu ta première recherche du merveilleux. Cela ressemblait à une conférence. Maintenant, la conférence te ressemble. Les arbres aussi. La terre. Même Tom te ressemble. Il dit qu’il fait de la musique ; Tom a inventé ta voix, Bruno. J’ignorais que ton corps était capable de se tortiller à ce point. À la fin de ta performance, si c’était un corps non entraîné, ce serait un corps brisé. Je t’ai vu incorporer Krenak, comme ça : en dehors des rituels vaudous, bien sûr. De manière numérique. Cela fait penser à cette entité qui entre dans un corps pas prêt à recevoir sa voix, les vouloirs. Ensuite, la personne se tourne et se retourne pour ne pas laisser l’esprit quitter la forêt sans avoir dit ce qu’il avait à dire. Je l’ai vu. Il y a des gens qui l’ont vu aussi. Lors de nos applaudissements, nous ne savions pas vraiment qui nous applaudissions, si c’était la voix que tu écoutais, si c’était le corps présent. Nous ne savions qu’une chose : lorsque tu as cessé de parler et que tu t’es assis parmi le public, la parole s’est élevée et le corps s’est mélangé à la terre.

 

Wagner Schwartz

 

 

La vie n’est pas utile (ou It is what it is)​, chorégraphie et performance  de Bruno Freire, une performance née à partir des conférences d’Ailton Krenak, création son et musique : Tom Monteiro, création lumière : Laura Salerno, traduction du portugais par Bruno Freire avec l’aide de Roz Whytes (anglais), Anna Ratiomou et Manon Santkin (français)

 

40e festival Banlieues bleues Festival Banlieues Bleues


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Revue Bancal - Auteur

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