La valise et le cercueil

Le premier livre de Dario "La valise et le cercueil" est un roman policier très documenté et à l'univers foisonnant. Situé dans le Pigalle de l'après-guerre d'Algérie, il relate une période confuse de notre histoire où le feu qui a embrasé l’Algérie française n'a pas été tout à fait éteint.

Le premier livre de Dario « La valise et le cercueil » est un roman policier très documenté et à l’univers foisonnant. Situé dans le Pigalle de l’après-guerre d’Algérie, il relate une période confuse de notre histoire où le feu qui a embrasé l’Algérie française n’a pas été tout à fait éteint.

A travers un langage argotique et populaire, dans un style précis et érudit, Dario nous livre une galerie de personnages aussi truculents qu’attachants. Sans parti pris et avec beaucoup de sensibilité, l’auteur révèle les tragédies vécues par ces hommes et ces femmes ordinaires pris dans la tourmente des événements politiques et s’inspire de leurs blessures mal cicatrisées. Nous avons rencontré cet écrivain prometteur à qui nous avons posé quelques questions afin de mieux connaître son univers. 

"La valise et le cercueil" de Dario

Quel est ton parcours ?

Je suis né à Montmartre, au sein d’un milieu modeste. Grâce à l’école laïque et républicaine, j’ai eu droit à une bourse pour étudier. 5 ans d’études de mathématiques. J’ai travaillé pendant 10 ans sur les marchés financiers puis je me suis tourné vers l’e-tourisme avec le service en ligne « boursedesvols.com » que je gère depuis 15 ans. Quand je ne suis plus chef d’entreprise, j’évite de fréquenter les autres chefs d’entreprise pour ne pas me scléroser dans ce monde-là, pour ne pas m’enfermer dans une caste et pour être dans le monde réel, celui que j’aime retrouver dans les cafés parisiens. Et un jour, me vient cette idée d’écrire une histoire qui commence à Montmartre en 63.

La valise et le cercueil est ton premier livre. Comment t’est venue l’envie d’écrire ?

J’ai d’abord découvert les ateliers d’écriture. Comme j’adore les cafés, j’ai commencé à écrire dans les cafés et ce mélange, café-écriture, m’a bien plu. J’écrivais surtout des fragments courts puis j’ai eu envie de me lancer et d’écrire quelque chose de plus long, un roman. Un polar plus exactement, car ça va bien avec les cafés.

Pourquoi avoir situé ton polar dans les années 60, dans le Paris de l’après-guerre d’Algérie ?

J’ai le sentiment que cette époque a été charnière dans l’histoire de la France. La prospérité économique que la France a connue à cette époque a occulté quelque chose de plus important, de déterminant pour nous et dans lequel nous sommes toujours, la fin d’un temps, d’une guerre civile, d’un empire…

Ensuite, on ne sait pas toujours comment les idées surgissent. L’écrivain est souvent surpris par ce qu’il écrit, comme s’il ne savait pas qu’il avait tout ça dans la tête.

Quelles sont tes sources d’inspiration et tes références ?

Je lis beaucoup, j’adore l’histoire, notamment contemporaine. Etonnamment, je ne lis des polars que depuis que j’en écris. Coté littérature, j’aime beaucoup Céline et son écriture du réel. J’ai ensuite découvert Claude Simon, l’écrivain de la pensée, capable d’écrire comme on pense. Dans mon livre, j’ai essayé d’écrire dans un style populaire et argotique avec un vocabulaire soigné, utilisant des dialogues courts, des apocopes.

Quand je travaille sur une période de l’histoire, je m’imprègne de l’époque grâce à la musique et au cinéma. J’écris en me passant en boucle des morceaux de musique ; pour La valise et le cercueil, je n’écoutais que des tubes des années 60. J’ai aussi regardé les films emblématiques de cette période, avec Delon et Gabin. Dans les films, j’essaie de repérer les détails du quotidien : les marques de cigarettes, les modèles de voitures, les noms des magasins. Je m’inspire beaucoup de Claude Sautet et de l’ambiance des brasseries dans ses films, mais aussi d’Audiard, de Dard et de Boudard (« les trois Dard ») pour les dialogues et la langue.

Quels sont tes projets d’écriture ?

J’ai une ambition : prolonger l’œuvre de mon maître à penser Léo Malet, l’auteur de la série de romans policiers Les Nouveaux Mystères de Paris qui ont chacun pour décor un des arrondissements de Paris. Léo Malet s’est découragé après avoir été expulsé de Paris. C’est une histoire un peu triste ; quand il s’est retrouvé en banlieue, loin de son environnement et du cadre de ses romans, il n’a plus eu envie d’écrire. 5 arrondissements n’ont pas été couverts : les 7ème, 11ème, 18ème, 19ème et 20ème. La valise et le cercueil se passe dans le 18ème, je suis en train d’écrire sur le 20ème et j’espère ensuite être en mesure de couvrir les 3 arrondissements restants. Ce seront des polars comme le premier, avec le même inspecteur, mais à des époques différentes et relatant d’autres événements historiques.

Propos recueillis par Salih B.

Une séance de dédicaces aura lieu le jeudi 23 avril à Paris au Café de la Mairie (75006)

La valise et le cercueil, de Dario, Editions les 2 Encres (août 2014)

Site de l’auteur : http://www.dario-auteur.fr

Les Nouveaux Mystères de Paris, de Léo Malet, Éditions Robert Laffont (1954-1959)

 

 


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Charlotte PALMA - Auteur

Description de Charlotte

Commentaires


  1. Ce roman fait une description de l’Alger des années 60 qui est saisissante de réalisme.
    Je le sais, j’y étais.
    J’ai lu dans une interview que Dario n’y a jamais mis les pieds à Alger. Il a travaillé sur des témoignages d’époque, des interviews filmées de pieds-noirs, autre autres, pour saisir leur «parlé».
    A lire !

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