La Mission de Heiner Müller, mis en scène par Matthias Langhoff est joué au Théâtre de la Commune à Aubervilliers, par des anciens élèves de l’Ecole de Théâtre Nationale de Bolivie. Retours sur un spectacle fort et saisissant.

Je savais que Matthias Langhoff depuis quelques années se réjouissait des mois à l’avance chaque fois qu’il allait travailler en Bolivie. J’avais lu La Mission il y a un peu plus d’années et la force de cette pièce m’avait saisi. Heiner Müller, en plein conflit Est-Ouest, y exploite un fait historique (une révolution anti-esclavagiste en Jamaïque, héritière de la Révolution française, est avortée par l’arrivée du bonapartisme) pour montrer le problème Nord-Sud comme la question majeure, et dénoncer l’idéal révolutionnaire comme un bain de sang atroce, quelle que soit la révolution.

J’avais déjà vu des mises en scènes de Matthias Langhoff sans jamais avoir accroché.

Mais là, tout à coup, tout s’éclairait. Sur scène des acteurs, simples et concrets, nous donnent à voir la vie quotidienne en mouvement, en articulation avec des écrans, des affiches, de la musique – exactement comme dans nos vies – pendant que se déchaîne dans nos esprits un défilé de grandes aspirations, de cruautés dans le désespoir, de peurs primales. Et la vie continue. C’est, véritablement, très fort. Et j’en suis ressorti… Comment dire ?

Le train de l’Histoire nous passe dessus

Il repassera, soyez-en sûrs

Éventrés nous attendons

Patiemment sur ses rails

Victimes ou complices on ne sait plus

Jusqu’à ce qu’on réalise

Que nous collons à ses roues

Toi et moi désormais liés par le même mouvement

Et la vie continue. Le train avance, et nous avec

Il tourne en rond

Révolution sanglante de l’auto-proclamé progrès

Mathieu Huot

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