Homeland- Irak année zéro

L’invasion irakienne, tout comme la guerre au Vietnam, a permis à Hollywood de créer un genre cinématographique à part. Le film de Abbas Fahdel Homeland - Irak année zéro donne accès à un autre point de vue, celui des agressés.

L’invasion irakienne, tout comme la guerre au Vietnam, a permis à Hollywood de créer un genre cinématographique à part. Le film de Abbas Fahdel Homeland – Irak année zéro donne accès à un autre point de vue, celui des agressés.

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En 2002, la tension entre les Etats-Unis et l’Irak et les prémices de la guerre incitent le réalisateur, alors en France, à retourner chez lui pour filmer sa famille et ses amis sous Saddam. Résultat : un documentaire de plus de cinq heures (scindé en 2 parties) où l’on voit pour la première fois les habitants de ce pays en guerre.

La première partie, située avant l’invasion, relate la vie quotidienne des bagdadis se préparant à la guerre et à ses conséquences, sur fond de propagande d’état glorifiant Saddam Hussein. Toute cette partie regorge de non-dits et de sous-entendus car la peur de la répression est omini-présente. Malgré tout, la caméra parvient à capturer des moments où l’un des membres de la famille se lâche et particulièrement Haidar, le petit neveu qui mourra en 2003.

La 2e partie commence quelques jours après l’invasion, en avril 2003, par des plans de Bagdad dévastée par les bombardements. On suit partout Abbas Fahdel et son neveu Haidar, du centre-ville contrôlé par les américains au souk rempli de clients gardant le sourire, en passant par la faculté fréquentée par ses neveux et nièces. Si dans un premier temps, la joie et l’espoir des irakiens sont bien là, le désenchantement se dessine rapidement : les bavures des soldats américains révoltent les habitants, tandis que des bandes organisées profitent du chaos pour faire régner la terreur et empêchent toute vie nocturne dans Bagdad.

Le réalisateur ne nous épargne aucune tristesse, aucune image forte même lorsqu’elle touche son entourage, nous plongeant en immersion totale avec ces héros ordinaires. Le refus d’une voix off facilite notre empathie envers ce peuple qui n’aura connu la démocratie que l’espace de quelques jours.

En magnifiant les irakiens, Abbas Fahdel réussit un grand film digne du néoréalisme italien. D’autant plus que Haidar nous rappelle le petit garçon de Allemagne, année zéro (critique ici) de Rossellini dans Berlin en ruines. Un grand film politique ne montrant que le peuple et ses problèmes existentiels, sans imposer de point de vue.

Homeland-Irak année zéro est un hommage grandiose à un peuple qui n’avait, jusque-là, pas de visage pour nous et qui continue de souffrir. Le cinéma lui rend enfin justice.

Salih B.

Homeland : Irak année zéro, documentaire irakien d’Abbas Fahdel (février 2016)

PS 1 : Les frères Ben et Josh Safdie (The pleasure of being robbed, Lenny and the kids) jeunes réalisateurs new-yorkais et précurseurs du « Just Do It » ont réalisé Mad love in New-York film peu aimable mais très réaliste. L’histoire (vraie) de Harley (Arielle Holmes) jeune vagabonde toxicomane amoureuse d’un autre jeune toxico est bourrée de larmes et de tristesse. Sans concession, avec beaucoup de tchatche. La comédienne principale est extraordinaire d’autant que c’est elle qui a vécu et écrit cette histoire.

PS 2 : Pour s’aérer la tête, rien de mieux que ce documentaire, Poétique du cerveau de Nurith Aviv, très instructif qui évoque les mystères de nos neurones. 66 minutes à vous donner envie de devenir chercheur pour ne pas s’arrêter de s’émerveiller !


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Charlotte PALMA - Auteur

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