Extra fantômes à la Gaité Lyrique

Jusqu’au 31 juillet, la Gaité lyrique accueille l’exposition Extra fantômes, les vrais, les faux, l’incertain. Si vous vous attendez à une version intellectualisée de la maison hantée de Disneyland Paris, du Manoir de Paris ou à un train fantôme en moins cheap, vous allez être surpris. On est ici à la Gaité lyrique, le « lieu des cultures numériques », et l’exposition est donc logiquement liée à cet univers. Fantômes et geek attitude, en somme.

Jusqu’au 31 juillet, la Gaité lyrique accueille l’exposition Extra fantômes, les vrais, les faux, l’incertain. Si vous vous attendez à une version intellectualisée de la maison hantée de Disneyland Paris, du Manoir de Paris ou à un train fantôme en moins cheap, vous allez être surpris. On est ici à la Gaité lyrique, le « lieu des cultures numériques », et l’exposition est donc logiquement liée à cet univers. Fantômes et geek attitude, en somme.

Extra fantômes, Gaité lyriqueOn commence avec quelques expériences plus ou moins sensorielles, basées sur la captation du visiteur – toucher, image, forme, mouvement – et donnant généralement sur une projection. L’idée étant notamment que nos fantômes seraient des projections de nous-mêmes. On entre ensuite dans le vif du sujet, à savoir le rapport aux fantômes via la technologie. Concept parfaitement résumé par le petit poste radio, authentique objet d’histoire qui aurait probablement sa place chez le musée voisin des Arts et Métiers, et censé capter les fréquences sur lesquelles s’expriment nos chers disparus. D’autres éléments exposés, plus proches de l’art contemporain que de l’oeuvre didactique, ont un peu l’air d’être ici pour faire du remplissage. Passons, le meilleur est à venir.

Les fantômes existent, ils nous observent

La réflexion qu’amène l’exposition est particulièrement habile, à défaut d’être évidente a priori. Les fantômes d’aujourd’hui, en résumé, sont les multiples technologies développées ces dernières décennies, qui nous étudient, nous observent, nous analysent. Les invisibles ondes wifi qui traversent notre monde, spectres des temps modernes. Les logiciels de reconnaissance faciale, qui permettent d’identifier un individu sans intervention humaine, et sans même que l’individu en question n’ait besoin de savoir qu’il est soumis à un contrôle. Ces technologies, si elles sont bien l’oeuvre de l’intelligence humaine, sont parfois, et l’exposition le démontre, capables d’interpréter nos comportements par elles-mêmes, sans intervention de l’Homme, et bien sûr de stocker les données d’analyse. Invisibles, intelligentes, voyeuses, mais sans drap blanc ni boulet.

Qui sera le fantôme de l’autre ?

Ce constat dérangeant, n’est pas pour autant très surprenant : qui ignore encore aujourd’hui qu’il vit à l’époque de l’ultra-surveillance (devrait-on dire ultra-veillance ?). Plus original, l’expo s’intéresse aux stratégies de contournement : tissu imperméable aux émissions de chaleur pour échapper aux caméras infrarouges, maquillage issu du camouflage militaire des navires, pour tromper la reconnaissance faciale. Alors, c’est certes difficile à mettre en oeuvre au quotidien, mais il est assez amusant de voir qu’à toute tentative de flicage exacerbée, répond une stratégie d’évitement. Et qu’aux yeux de ces fantômes contemporains qui nous observent, nous pouvons, nous aussi, devenir des êtres fantasmagoriques, trompant leur vigilance, interrogeant leur capacité de perception, remettant en cause leur interprétation rationnelle du monde qu’ils observent.

A la fin de cette exposition peut-être trop courte, on a donc eu l’occasion de réfléchir sur une thématique certes pas nouvelle, mais avec un angle de vue original. La cohérence entre les différentes zones de l’exposition, est malheureusement elle-même un peu fantomatique. Du coup, pour le côté extra, on repassera.

Bruno Decottignies, blog

Extra fantômes, les vrais, les faux, l’incertain, la Gaieté lyrique (Paris 3e), jusqu’au 31 juillet 2016


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Charlotte PALMA - Auteur

Description de Charlotte

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