Exposition // Le rêveur de la forêt

L’exposition « Le rêveur de la forêt » prend place dans le musée-atelier Ossip Zadkine du 27 septembre 2019 au 23 février 2020. Inspirée de l’œuvre éponyme du sculpteur Zadkine, l’exposition entre dans les méandres des sentiments contradictoires, entre fascination et peur, des artistes dans leur rapport à la forêt.

Mélangeant les supports et les époques, le parcours de l’exposition se déroule au rythme de la maison du sculpteur. L’articulation en trois temps se fond dans la succession de petites pièces intimes et propose de s’enfoncer de plus en plus profondément dans l’imaginaire de la forêt. Aussi, nous débutons par la Lisière, frontière entre le monde civilisé et le monde sauvage, seuil du retour aux sources ou passage vers la liberté ou le danger.

 

La seconde section est consacrée à la Genèse. La forêt y est interrogée comme biotope et source d’une fertilité infinie. Sa capacité à inventer des formes, des processus est investie par les artistes. Enfin, après un passage par le jardin de l’artiste, la forêt se fait source d’inconnu, à la fois merveilleuse et inquiétante. Elle devient Bois sacré, bois dormant.

 

Cette exposition enchante par sa poésie. Cette dernière tient tant au lieu qu’au choix des œuvres. Nul besoin de mise en scène, le cadre est par lui-même enchanteur. On entre dans l’intimité créatrice de ce grand sculpteur de la première moitié du XXe siècle. Nous côtoyons ses espaces et ses œuvres qui offrent une trame sublime à l’exposition. Ensuite, le choix des œuvres est remarquable de finesse, à la fois pour les pièces elles-mêmes que pour leurs interactions entre elles. Finalement, le discours importe moins que le plaisir de découvrir les installations et leur environnement, chacune des œuvres tenant en elle-même le discours ou un discours.

 

Quel plaisir de voir Séraphine de Senlis dialoguer avec Victor Brauner, de voir les œuvres en bois, sculpturales, d’Ossip Zadkine s’adoucir au contact des formes biomorphiques laiteuses de Jean Arp. Quel plaisir de retrouver des artistes comme de vieilles connaissances, tels Gauguin, Dubuffet, Ernst, Munch et tant d’autres, et d’en rencontrer de nouveaux comme Laure Prouvost, Eva Jospin ou encore Laurie Karp. Cette confrontation entre artistes incontournables du XXe siècle et artistes contemporains est une réelle réussite.

 

Avec cette exposition, nous entrons dans un univers fait de poésie, de sensibilité, de beauté et de réflexions primordiales et critiques. Est-ce que par le sujet nous touche au cœur, est-ce parce que la forêt incite à des formes plastiques qui touchent aux sens que cette exposition bouleverse tant ? Je ne sais pas, je sais en revanche que c’est l’une des expositions les plus émouvantes que j’ai vue depuis longtemps. De celles qui impriment.

 

J’ai eu la chance de la visiter entre chien et loup, au moment où la percée de l’obscurité émoustille encore davantage les instincts et l’imagination mais elle est à déguster à toute heure. Bonne visite !

 

Isabelle

 

Le rêveur de la forêt, avec Guillaume Apollinaire, Karel Appel, Jean Arp, Patrick Bard, Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Hicham Berrada, Joseph Beuys, Constantin Brancusi, Victor Brauner, Marc Couturier, André Derain, Jean Dubuffet, Max Ernst, Pascale Gadon-Gonzalez, Paul Gauguin, Alberto Giacometti, Natalia Gontcharova, Félix Gresset, Jean-Luc Hervé, Eva Jospin, Laurie Karp, André Masson, Ariane Michel, Edvard Munch, Eadweard Muybridge, Estefania Peñafiel Loaiza, A. R.Penck, Giuseppe Penone, Javier Pérez, Pablo Picasso, Laure Prouvost, Bernard Réquichot, Germaine Richier, Auguste Rodin, Séraphine de Senlis, Raoul Ubac, Maurice de Vlaminck, Theo Wiesen, Ossip Zadkine, Musée Zadkine, 100 bis rue d’Assas, Paris 6e


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Revue Bancal - Auteur

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