Expo // Le monde selon Roger Ballen

Jusqu’au 31 juillet 2020, la Halle Saint-Pierre, musée consacré à l’art brut, expose l’oeuvre troublante et énigmatique de Roger Ballen, photographe sud-africain d’origine américaine. Attendez-vous à voir en photo vos pires cauchemars et angoisses !

Géologue de formation, Roger Ballen est un photographe sud-africain d’origine américaine. Son œuvre reconnue à travers le monde et exposée dans les hauts lieux culturels exprime le sentiment d’angoisse et de confusion de l’être humain, face au vide et au non-sens de l’existence.

 

A travers des compositions travaillées, les photographies de Roger Ballen représentent des scènes surréalistes et cauchemardesques, bien souvent absurdes et comiques. Elles évoquent des natures mortes ou encore des vanités, ces représentations allégoriques de la mort et du passage du temps. Mais l’artiste ajoute à ses tableaux inanimés des êtres vivants – des humains, des bébés et beaucoup d’animaux. Ainsi, le caractère figé et préparé de la composition est complètement bouleversé par l’intrusion de créatures vivantes et, dans le cas des animaux et des bébés, incontrôlables, laissant la place au mouvement, à la spontanéité et à l’imprévu. Ce contraste objets/vivants crée le trouble chez les visiteurs, tout comme la confusion volontairement entretenue par l’artiste entre les humains et les mannequins, entre les animaux vivants et les animaux empaillés qui coexistent dans une même scène. Qui est vivant, qui est mort, qui est inanimé ? Qu’est-ce qui est réel ? Qui est l’original, qui est la copie ?

 

L’artiste a des obsessions qui se retrouvent dans la plupart de ses séries : côté animaux, on retient les souris, les chouettes, les lapins ; côté objets, ils sont bien souvent usés et fatigués, ce sont des poupées, des peluches, des cintres ou encore des fils électriques. Le concept de double et d’altérité est aussi très présent, à travers les mannequins, les masques, les photos et les dessins accrochés aux murs. Quant aux décors, Roger Ballen affectionne les murs, décrépis et crasseux de préférence, ainsi que les graffitis et les signes qui les recouvrent.

 

Dans plusieurs de ses séries « Dorps, small towns of south africa » ou « Platteland », l’artiste, parti à la découverte d’une Afrique du Sud pauvre et rurale, met en scène des Sud-Africains marginalisés par la peur, la misère et l’isolement. Il en résulte des photos de marginaux prenant des poses drôles et dénuées de sens qui accentuent le sentiment de décadence et de désarroi.

 

« Tout est foutu, soyons joyeux » conclurait Clément Rosset.

 

Céline

 

Le monde selon Roger Ballen, exposition photographique et installation de Roger Ballen, La Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsart, Paris 18e, jusqu’au 31 juillet 2020

 

 

 


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Céline Chartier - Auteur

Céline est éditrice et co-fondatrice de la revue Bancal.

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