Les nouveaux outils numériques et technologiques sont l’occasion de reposer les questions posées depuis toujours par les artistes sur la définition de l’art et l’acte de création. En nous confrontant à des situations inédites, ils permettent aussi de faire émerger de nouvelles interrogations : un robot peut-il faire mieux ou plus qu’un artiste ? Une intelligence artificielle peut-elle avoir de l’imagination ? Qui décide, qui crée : l’artiste, les ingénieur.e.s, le robot, les regardeurs et regardeuses ? La capacité à créer est-elle propre à l’humain ?

Dans la première séquence, les robots créent des œuvres à l’aide de bras, de caméra, de mouvements saccadés et maladroits qui nous apparaissent à la fois touchants et comiques. Les machines ne sont guère convaincantes en artistes doués d’imagination et de pouvoir créatif mais sont efficaces pour révéler l’absurdité du geste répétitif, mécanique, coincé dans un va-et-vient évoquant l’autodestruction et la vanité.

Dans un second temps, les robots deviennent invisibles pour n’être plus que des programmes et des algorithmes. Le numérique permet à l’artiste de créer de nouvelles formes et de nouvelles expériences, de bouleverser l’espace et le temps, et de réinventer le dialogue entre l’oeuvre et le public. Des logiciels puissants font naître des images de façon autonome ou en fonction des corps, des mouvements, du souffle des visiteurs et visiteuses. L’oeuvre en plus d’être éphémère et collaborative est imprévisible dans sa forme et dans sa durée. Ainsi, l’artiste délègue une partie de son autorité à la machine et au public.

La troisième séquence s’intéresse à l’intelligence artificielle et met en scène des robots humanoïdes. Les artistes s’amusent avec leur double, détournant et parodiant l’idée du transhumanisme et d’un humain plus performant et immortel.

L’exploration des outils numériques dans le domaine de l’art à travers l’usage des robots et de l’intelligence artificielle offre la possibilité d’expérimenter de nouvelles modalités de dialogue entre l’artiste et le public. Comme toujours lorsque l’on parle de robots, l’humain est au centre des réflexions. Le domaine de l’art n’y échappe pas ; cette expo montre comment le robot peut être un puissant catalyseur d’échanges, d’interactions et de collaborations entre humains.

Céline

Artistes et robots, Grand Palais, Galeries nationales (Paris 8e), jusqu’au 9 juillet 2018

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