La soirée à La Scala s’ouvre avec Shiver (frisson en français), interprété par le chorégraphe et la danseuse Yurié Tsugawa. Occupant tout l’espace épuré, le duo, d’une grande virtuosité, exprime toute une palette de sentiments (amour, peur, excitation, etc.), à travers des mouvements suffisamment précis pour transcrire la puissance des émotions qui traversent les deux danseurs.

All I Need est un pièce pour neuf danseurs et danseuses, entre ballet et théâtre. Édouard Hue exploite les qualités physiques de chacun des interprètes en leur donnant la possibilité de s’exprimer indépendamment les uns des autres. En particulier, lors d’une scène qui ressemble au jeu pour enfants « 123 soleil », chacun se déplace selon des mouvements propres ; l’un déborde d’une énergie frénétique, l’une semble avoir un corps complètement désarticulé tandis qu’un autre se meut comme un enfant. Devant la virtuosité des corps qui donnent à voir des gestes si peu habituels, nous nous surprenons à penser que nos déplacements sont décidément bien limités et sans fantaisie. Et que si le corps humain le permet, varier les mouvements de marche ou de course rendrait notre quotidien bien plus amusant et moins uniformisé.

Un autre tableau, inspiré par l’accession au pouvoir de Donald Trump, place les danseurs et danseuses en plein affrontement, bouillonnant de colère et de combativité, dans une répétition burlesque et sans fin de la scène.

Bref, un ballet sous le signe des émotions, porté par des artistes talentueux et une chorégraphie intense et bouillonnante.