Au théâtre de l’Oeuvre jusqu’au 11 janvier, le virtuose Denis Lavant, incarne, plus qu’il n’interprète, le tourmenté et génial Céline dans le spectacle truculent « Faire danser les alligators sur la flûte de Pan ».

Faire danser les alligators sur la flûte de Pan : ce titre exquis est une formule de Céline, retrouvée dans l’un de ses courriers. La pièce, écrite à partir de la correspondance de l’écrivain et des entretiens donnés à la télé ou à la radio, est soutenue par le long monologue de Denis Lavant, seul sur scène, entrecoupé de morceaux de piano et de quelques chansons. Reclus dans son appartement de Meudon, Céline, devenu infréquentable, analyse les succès et les échecs de ses romans, vocifère contre les critiques littéraires, méprise ses contemporains et livre ses pensées cyniques et désespérées sur son époque.

Tout y est, le pire et le meilleur de Céline ; sa mauvaise foi, son égocentrisme, ses délires paranoïaques, sa fureur haineuse, son racisme viscéral, mais aussi son langage imagé, ses diatribes acides, son humour noir, sa verve inspirée, sa parole incisive et élaborée. Le passage le plus savoureux et le plus drôle : la revue littéraire où Céline assassine gaiement de grands écrivains tels que Proust, Gide, Sartre et beaucoup d’autres.

La performance de Denis Lavant est époustouflante. Son jeu énergique et puissant lui permet d’incarner avec justesse l’écrivain tourmenté, au bord du désespoir. L’acteur occupe l’espace avec génie et, à la manière d’un danseur, virevolte, grimpe, s’agite sur scène pour finalement hypnotiser et envoûter le public pendant près de 2h.

Céline.

Faire danser les alligators sur la flûte de Pan, avec Denis Lavant, adaptation d’Emile Brami, mise en scène d’Ivan Morane, au théâtre de l’Oeuvre, Paris 9, jusqu’au 11 janvier 2015.

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