Cinéma // Perdrix

Le premier long-métrage d'Erwan Le Duc, sorti en salles cet été, est un film gentiment perché sur l'amour et la liberté. A mi-chemin entre le polar et la comédie romantique, "Perdrix" est aussi une fable philosophique qui séduit par sa fausse légèreté et son exigence scénaristique. Le tout, saupoudré de poésie et d'humour décalé.

Juliette Webb (Maud Wyler) se fait voler sa voiture en pleine campagne par une activiste entièrement nue. Au commissariat, elle fait la connaissance de Pierre Perdrix (Swann Arlaud), chargé d’enregistrer la plainte. Alors que le film semble prendre le chemin d’une enquête policière sur fond de révolution nudiste, quelques indices (les citations philosophiques sur la liberté que l’on peut lire sur le calendrier mural de Pierre, par exemple) brouillent les pistes.

 

Ou plutôt nous mettent sur la bonne piste car le thème principal du film est bien la liberté. Tous les personnages sans exception (la famille de Pierre, Pierre, Juliette ainsi que les collègues de Pierre) subissent des contraintes extérieures et/ou intérieures, comme autant de carcans réels ou fantasmés qui les enferment, entravent leur liberté et les empêchent de vivre pleinement. Pourtant, tous sont animés d’un désir volcanique de liberté, désir étouffé par le poids de la famille et des responsabilités, par la peur d’échouer ou de ne pas exister. L’intrusion de Juliette dans la famille de Pierre réveille miraculeusement tous ces volcans endormis.

 

Dans Perdrix, la liberté est protéiforme : liberté de vivre nu et en marge de la société, liberté de quitter sa famille, liberté de se détacher enfin de son défunt mari, liberté de faire la guerre pour de faux, liberté d’exprimer sa rage en dansant furieusement, liberté d’oser vivre et de tomber amoureux. Bien sûr, l’amour est l’autre grand sujet du film, car celui-ci peut enfermer comme il peut libérer.

 

Le réalisateur a mis son imagination foisonnante au service des personnages fantaisistes et des situations burlesques qui en découlent. La mère de Pierre (Fanny Ardant parfaite en veuve inconsolable) anime tous les soirs une émission de radio sur l’amour, dans son garage, sans aucun auditeur ; la nièce de Pierre est passionnée de ping-pong et en joue seule dans sa chambre contre un mur ; tandis que son frère est un biologiste spécialisé dans les vers de terre qui n’intéresse pas grand-monde…

 

Les Vosges qui ont servi de décor au film offrent des paysages sublimes de montagnes, de lacs, de forêts de sapins et de grands espaces, complètement en phase avec le thème de la liberté. Enfin, la musique grisante contribue à l’atmosphère planante du film ; on a retenu O Solitude de Purcell et Je veux être à vous de Sammy Decoster, également très adaptés aux sujets du film.

 

Bref, vous êtes libres de ne pas voir ce film, mais nous, nous avons beaucoup aimé !

 

Céline

 

Perdrix, comédie française d’Erwan Le Duc, avec Swann Arlaud, Maud Wyler et Fanny Ardant (août 2019)

 

 

 


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Revue Bancal - Auteur

Commentaires


  1. Merci Céline pour ce bel hommage à Perdrix qui dresse un tableau juste du film et qui décortique habilement les thèmes abordés. Si je ne l’avais déjà vu, j’aurais pris la liberté de courir le voir 😉

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