
(Brrr)ève de jour // La solitude du peintre
17/03/2023
Chaque jour de la semaine, nous publions les chroniques de l'autrice Valéry Meynadier, des textes courts sur tout et rien, sur la littérature, l'art et les merveilles (ou les douleurs) du quotidien. Nous les appelons les brèves de jour, des (B)rêves, des rêves insufflés par le B de Bancal !
Image de couverture : Gustave Courbet
Le pire dans certains ateliers, c’est la solitude. On la sent, humide, rampante, imprégner jusqu’au peintre lui-même.
Son atelier, déjà, est loin de tout.
Arrivée, on se sent à l’étroit.
La première pose qui nous vient à l’esprit, c’est celle du coin, bras au-dessus de la tête, de dos. Impossible de faire autrement. Le lieu s’installe dans nos poses.
Vient la pose du suppliant, à genoux, mains jointes.
Poser pour ce peintre est une punition. Son haleine avoue son penchant pour l’alcool.
Le chewing-gum n’y change rien.
Puis, on accuse, l’index dardé, le bras tendu, la tête en arrière.
On accuse qui ?
Quoi ?
La solitude.
Pas un artiste qui ne la connaisse par cœur. Comme notre cœur la nuit quand notre corps dort & qu’il bat seul. La solitude. Le cœur de ce peintre lui demande des comptes : BOUM BOUM BOUM
L’assassin frappe. Le peintre a peur. C’est la fin. Il s’approche de nous, le sourire débraillé. Il nous remercie, il paye argent “content”. Un instant, il n’a plus été seul.
On file, fillette, on va acheter des bombecs.
Vous avez déjà été modèle vivant ?
Valéry Meynadier, 17 mars 2023
Lire les brèves de la semaine :
Commentaires
Nyiri Pascal
17 mars 2023
Dans ma jeunesse j’avais un ami peintre de haut niveau. Un jour il propose de me peindre. Quel honneur ! Il me dit : tu t’assieds là, tu ne bouges pas – il me donne un sac de bonbons – et tu les bouffes. Pas si facile, je bouge un peu. Mon ami peint. Dix minutes. C’est fini, me dit-il. Alors je passe derrière le cadre, et là ! Il avait donc fait mon portrait. Très ressemblant. Tout en bas à droite de la toile. Trois centimètres de haut sur deux de large.