Brooklyn village

Il aura fallu attendre le sixième long-métrage d’Ira Sachs pour qu’un distributeur ose sortir son dernier film dans un nombre de salles conséquent. Les cinéphiles l’apprécient depuis son deuxième film distribué en France Forty Shades of Blue. Avec le temps, son œuvre a pris de l’épaisseur et Brooklyn village marque une nouvelle étape dans sa recherche de la simplicité.

Il aura fallu attendre le sixième long-métrage d’Ira Sachs pour qu’un distributeur ose sortir son dernier film dans un nombre de salles conséquent. Les cinéphiles l’apprécient depuis son deuxième film distribué en France Forty Shades of Blue. Avec le temps, son œuvre a pris de l’épaisseur et Brooklyn village marque une nouvelle étape dans sa recherche de la simplicité.

Brooklyn village, Ira SachsUne famille de la petite bourgeoisie de Manhattan hérite d’une maison à Brooklyn, dont le rez-de-chaussée est occupé par la boutique de Leonor (Paulina Garcia), une couturière latino-américaine. Les relations sont d’abord très cordiales, notamment grâce à l’insouciante amitié qui se noue entre Tony (Michael Barbieri) et Jake (Théo Taplitz), les jeunes ados des deux foyers. Mais le loyer de la boutique s’avère bien inférieur aux besoins des nouveaux arrivants. Les discussions d’adultes vont bientôt perturber la complicité entre voisins et la relation entre les deux ados…

Ira Sachs a réalisé un film plein de tact mais riche en émotions. Au tout début du film, le jeune Jake apprend par un coup de fil, qui ne lui était pas destiné, la mort de son grand-père. Le réalisateur prend le parti de ne s’attarder que quelques secondes, en gros plan mais pas de face, sur le visage de l’adolescent muet face à l’événement. Brian (Greg Kinnear) le père de Jake, acteur de théâtre en mal de reconnaissance, descend la poubelle dans le sous-sol de la maison de son père et finit par s’effondrer de chagrin. La caméra recule, comme gênée, derrière un pilier pour laisser seul Brian à sa peine. Ces deux séquences illustrent bien le parti pris d’Ira Sachs d’être au plus près de ses personnages sans chercher le lacrymal à tout prix.

Les acteurs, tous remarquablement justes, emmènent le film loin dans les rapports sociaux. La famille « bobo » est arrivée à Brooklyn pleine de bons sentiments, renforcés par la relation sincère et spontanée entre Tony et leur fils Jake. Leur premier contact avec Leonor se fait avec beaucoup d’empathie, lorsque Kathy (Jennifer Ehle) la mère, psychologue de son état, découvre la boutique. Ces relations virent rapidement au conflit lorsqu’il devient évident que l’argent est important pour leur confort alors que pour Leonor c’est une question de survie. Tout le film traite cette question en filigrane tout en racontant une belle histoire d’amitié qui ne résiste pas face aux différences sociales.

Brooklyn village (Quel titre ridicule alors que l’original Little Men est beaucoup plus parlant) est un très beau film politique sur la lutte des classes qui utilise les ficelles du mélo sans tomber dans le manichéisme. La morale de l’histoire, c’est que le grand soir n’est pas pour demain matin !

Salih B.

PS : Les passionnés de romans noirs vont pouvoir se régaler avec la programmation de la cinémathèque française à Paris qui fête, jusqu’au 9 octobre, les 30 ans de Rivages. Cette maison d’édition créée par François Guérif (une sommité du roman noir reconnu dans le monde entier) a découvert les plus grands romanciers spécialistes du genre. L’occasion de voir ou revoir des films tels que Sailor et Lula de David Lynch ou encore le méconnu Hors d’atteinte de Steven Soderbergh avec Jennifer Lopez et George Clooney.


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Charlotte PALMA - Auteur

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