Atelier #4 // Psychoboxe, le rôle du thérapôn

La psychoboxe est un dispositif thérapeutique original, fondé par le psychologue et boxeur R. Hellbrun. Il s’agit de pratiquer un assaut d’1 min 30 avec un psychoboxeur (psychologue, psychanalyste ou psychiatre). On combat en retenant ses coups. On touche. On est touché et on en parle ! Impressions de Valéry Meynadier lors de l'apprentissage de la pratique. Suite de notre feuilleton Psychoboxe !

« Vous me faites chier »
dixit l’élève Tabard dans le film de Jean Vigo, Zéro de conduite

 

Mots-clefs : boxe, thérapôn, écoute, poésie, clinique

 

Résumé :
Fin d’une session grand luxe, de formation de psychoboXe
Présents : Lionel Raufast, Aimé Disset, Arnaud, Fleur, Jean-Paul & valérY, sans oublier l’ombre bienveillante de Fatima qui nous a préparé des petits plats savoureux, tout au long de nos week-ends (Les lasagnes de Fatima sont à se relever la nuit, dignes d’insomnie).

 

Objectif :
Expérimenter la place du thérapôn, autrement dit, la place du tiers, le gardien du cadre, le frère d’arme, « le second » au combat.

 

Méthode :
Patients-test

Au départ de la psychoboxe, en 1987, Richard Hellbrunn travaille seul avec son patient. Force est de constater que, parfois, le miroir s’installe, son écoute s’égare, l’ego rentre en jeu, la force de frappe monte. Pas très thérapeutique…

 

Le tiers, c’est celui qui veille, sur le combat, sur le patient, sur le psychoboxeur

 

Rentre en scène le tiers, aussi nommé thérapôn. Sa fonction originaire : dire STOP.
Parer à l’escalade.
Le STOP instaure un espace d’arrêt clinique.
S’il reste 30 secondes de combat, les 30 secondes seront honorées…
Pour après, en situation d’échange, discuter sur les raisons de l’arrêt.

 

Le tiers, c’est celui qui veille, sur le combat, sur le patient, sur le psychoboxeur.

 

Quand dire STOP ?!!
Vous suivez le regard, vous écoutez le souffle, que dit la gestuelle ?

 

Apprentie thérapôn, je sais déjà qu’il n’est pas dans mes cordes, ce STOP… Le dire le moins possible est déjà ma devise. Je ne suis pas dans la surprotection, je ne suis ni ton père ni ta mère… Je suis pour que le corps se prenne aux mots, laisse monter les maux.

 

Concrètement, thérapônner me va bien, installée dans ma naïve certitude d’être à ma place, une fois la minute 30 passée, je prends parole.
Chute libre dans l’éducatif, Vous pourriez peut-être, pour le second assaut, regarder davantage les yeux de votre partenaire…
Aïe !
(sur un patient-test)
Pire, Vous savez, la psychoboxe, c’est aussi bouger, n’hésitez pas à donner l’assaut….
Ouille !
(sur un patient-test, bis)
Parole de coach, Si vous bougez plus, vous irez mieux…

 

Mettre en lumière les ténèbres de chacun

 

Est-ce qu’on demande à quelqu’un d’être quelqu’un d’autre ?
En boxe comportementale, peut-être.
En art-thérapie, certes pas.
En atelier d’écriture, peut-être, les consignes induisent une certaine autorité, du bon côté de l’étymologie, autorité vient de auctoritas, formé sur le radical auct- issu du verbe augere, qui signifie « faire pousser », « faire grandir », « augmenter ».
Si j’étais coach, le mieux-être serait la cible.
Ou bien prof, Fais ci fais ça, tralala & tais-toi.

 

Oups, presque tous mes points de repère volent en éclats.
La psychoboxe travaille les points diurnes, les points scandaleux, pas les points d’honneur mais les points de honte, & il n’y a que l’association libre* pour mettre en lumière les ténèbres de chacun…
J’entends
J’entends le chemin à faire, mes futurs pas
À ne pas faire, laisser faire, me tance mon formateur & je me déforme, c’est aigre
Comme d’inviter un fantôme à monter sur une échelle
& après ?
C’est âpre mais j’entends
Mes vieilles casseroles font un barouf du diable
Je dois plier pour me déplier d’une autre façon, origamesque

 

Deux types d’intervention, l’interprétation & la construction

 

Comment prendre mes mots par la peau du cou(p) ? Pour les déposer là-bas, sur ce territoire inattendu…

Mon formateur me met les points sur les i : Deux types d’intervention, l’interprétation ou (&) la construction… Deux façons d’interagir.

L’interprétation, c’est le lien qu’on fait entre deux éléments que le patient n’a pas encore fait. Le patient a monté toutes les marches, mais la dernière marche se dérobe…
(Comme j’ai un esprit d’escalier)
Tu avances une hypothèse. Écoutez, est-ce que, ceci cela, ne serait pas à l’origine de votre crainte de patati patata ?
Le signe que l’interprétation a porté, c’est la réaction du patient.
Tu observes, tu laisses venir.

 

Ah, fastoche… Sachant que le patient peut-être un as de la planque.

Mon formateur bifurque sur la construction. Là, on est dans le scénario, on rassemble les tessons de bouteilles, Je peux me tromper mais ça me fait penser à ça, ce que vous dîtes.
On mène l’enquête patiemment. Alors que dans l’interprétation, on fait le lien-synthèse, le patient a fait tout le boulot, reste le lien causal, le poing aveugle.

 

Booh, je rêve d’un divan, mince est la frontière entre coaching, éducatif & liVre association, euh pardon, libre association. Repérer le point de bascule.

 

 

Écholalie, ce mot ressemble à un papillon

 

J’entends
Je suis mal en point, alors, au filet de la poésie, j’attrape un mot au fil de la leçon : Écholalie ; au-delà du sens, ce mot ressemble à un papillon…
(Le papillon de Tchoang Tseu ?)

 

La psychoboxe, c’est le terrain mêlé à la clinique ; c’est une clinique de la pratique. Pas de divan qui tienne. Il n’y a pas LA vérité mais une fourmilière de vérités, rouges, comme certains mots te brûlent la langue, sitôt prononcés.
En psychoboxe, point de dogme.

 

Conclusion, je ne me sens plus dans le coup… J’ai le corpus théorique ; la clinique me dépasse un peu mais j’ai ma poésie clinique à la rescousse & je ne manque pas de terrain ; là, où j’achoppe, la place du thérapôn…
Les gants, la boxe, le corps, ça me va… La place du thérapôn, garant du cadre, ça me va, mais… si mes mots étaient de cuir, peut-être, mais ils ne sont que d’air & chargés d’affects.

 

Chasseresse-cueilleuse des profond’heures

 

Vient le chapitre sur le transfert, le contre-transfert. Quel est mon fonctionnement psychique ? À vérifier toujours. C’est lui ? C’est moi ? La bonne distance. Le vrai, le faux self. Recherche d’une synergie entre éducatif & psychologie. Les symptômes viennent de quelque part. Le bizarroïde comportemental, laisse-le se déployer…

 

Nous sommes en science humaine… J’entends.
Je traduis, avec mes mots, nous sommes au-delà du bien & du mal, pas de morale ; quand psyché & biologique s’abouchent, ça donne une clinique des limbes, de la profondeur, à fleur de peau.
Chasseresse-cueilleuse des profond’heures, ça me parle… Je retrouve mes points cardinaux.

 

Quelle empoignade !
Au travail, valérY

 

Le mot Fin cherche sa place & ne la trouve pas. Cette fin de formation 2022 est un début. Le début pour chacun d’entre nous de commencer à exercer, les gants de boxe à son attirail thérapeutique. Ça ne fait que commencer, des journées de sensibilisation vont suivre, nos premiers pas aussi dans l’Institut de psychoboxe, en janvier, on adhère ; bientôt, le coup d’envoi du livre : Éclats de boxe – dans toutes les librairies !
Nous sommes en devenir, nous sommes les porte-poings & porte-paroles de la psychoboxe, les portes n’ont pas fini de s’ouvrir !

 

Qu’on se dise, la connivence ne fait que commencer.
« La greffe de l’ouvert »** a bien pris.

 

valérY meYnadier
4 novembre 2022

 

 

Institut de psychoboxe, https://www.psychoboxe.com/

Valéry Meynadier, Maison des écrivains et Facebook

 

 

*Expression utilisée en psychanalyse pour désigner l’objet de la règle fondamentale, laquelle consiste pour le patient à exprimer toutes les pensées (idées ; images ; Einfall, dit Freud, « ce qui tombe » dans l’esprit) sans discrimination aucune et de manière spontanée

**Formule de Jean Oury, psychiatre, écrivain & fondateur de la Clinique La Borde : ici


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Revue Bancal - Auteur

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