Atelier #3 // Psychoboxe, réveiller la parole par les coups

La psychoboxe est un dispositif thérapeutique original, fondé par le psychologue et boxeur R. Hellbrun. Il s’agit de pratiquer un assaut d’1 min 30 avec un psychoboxeur (psychologue, psychanalyste ou psychiatre). On combat en retenant ses coups. On touche. On est touché et on en parle ! Impressions de Valéry Meynadier lors de l'apprentissage de la pratique.
Couverture : "Million Dollar Baby" de Clint Eastwood

Richard Hellbrunn psychologue clinicien, psychanalyste et professeur de boxe française a développé la psychoboxe, à Strasbourg.  Il s’agit de pratiquer un assaut d’1 min 30 avec un psychoboxeur. La force des coups est très fortement réduite pour atteindre un niveau de sécurité optimale et permettre le travail sur soi. Le tiers « symbolique », obligatoirement psychologue, psychanalyste ou psychiatre est garant du cadre. Il dirige les temps de verbalisation à partir de ce que cette mise en scène de combat a pu réveiller.

 

“La psychoboxe a pour but de permettre à un sujet, à travers ses gestes, ses affects et ses représentations, de remettre en jeu l’universalité des processus et la singularité des positions qui émergent de sa confrontation à ce qui lui est violence dans son corps, sa parole et ses actes. La psychoboxe ne se soutient que de l’ouverture d’une scène qui appelle un sujet à interpréter sa violence en la précipitant dans des formes perceptibles. »  Richard Hellbrunn

 

 

 

Week-end de psychoboxe, avec Lionel Raufast & Aimé Disset

Lors de ma formation de psychoboX
Présents : Fleur, Arnaud & Jean-Paul

 

Le labyrinthe en offrande

 

Mon corps sent une troisième oreille lui pousser. Ou bien le labyrinthe de mon oreille interne droite sort de sa coquille. Labyrinthe en offrande. Où les questions se promènent, nues sans le costume des réponses… Des questions d’Adam & Ève, au diable les réponses !

En offrande au labyrinthe de l’Autre, avec qui je converse, d’une drôle de façon…

 

Dotée de cette nouvelle oreille, je découvre le chant du gant de cuir, en écho à l’autre gant, se propager, se dilater, dire, dans une langue étrangère.
J’en abuse, je cible les gants de l’Autre plus que le corps de l’Autre.

 

Oreille, je deviens & corps, je suis.

La teneur du cours d’aujourd’ouï, c’est l’écoute…

 

Est-ce que le souvenir a une odeur ?

 

Je n’ai jamais écouté de cette façon là. J’écoute malgré l’assaut, je dois répondre, tout en restant à l’écoute, aux aguets des signes annonciateurs de l’archaïque.
Le sien ?
Le mien ?

 

Le souffle d’une cave me soufflète la face.
L’âcreté d’un traumatisme, là, peut-être, je dois écouter & pourtant mon corps ne fait pas silence.

 

Est-ce que le souvenir a une odeur ?

 

Le patient, tout en corps, me somme d’entendre, m’assomme de ne pas entendre.
Pourtant, je me veux oreille versée en lui, dressée devant lui, renversée de ne rien entendre.

 

Existe-t-il des lunettes pour entendre ?
Des rayons X pour les bleus de l’âme ?
Ah là, je vois l’os de votre père & là, les poumons enflammés de votre mère.

 

 

Ça ne joue plus un corps adulte

 

Le patient est là, il attend, je dois répondre… Léger crochet du droit, il feinte, & m’en balance une, sur la tête, je lui décoche une droite, je réponds, je l’effracte, une émotion sans visage apparaît sur son visage ; j’entends mais je n’ai pas le temps d’écouter.
Le tiers écoute pour moi.
Le patient est déjà loin de cette émotion.
Comment écouter dans ce brouhaha corporel ?
Je vais devoir apprendre.

 

& cette émotion dévisagée, la sienne ? La mienne ?

 

Aïe, je frappe plus fort que le patient, pas le droit, on doit avoir la même force de frappe.

 

Ça ne joue plus un corps adulte. Enfant, on faisait semblant de tomber & de mourir.
On y croyait.
Là, on tombe en vrai & on meurt en vrai, mais on n’y croit pas… On meurt incessamment de toutes les morts rencontrées, croisées, entendues, évitées ; simplement, dans la conscience de la mort, on tombe.

 

À l’œuvre, dans mon apprentissage de la psychoboxe, la conscience de la mort.
Le corps sait.

 

Même pas une histoire de confiance.
Je dois simplement accepter de tomber en vrai, même si je ne tombe pas, avec le sérieux des jeux d’enfant, je tombe, pour trouver le parvis de l’autre & pour lire, en braille, avec mes mains, ce qu’il ne peut pas dire, ce dont il ne se souvient pas, sur son bitume de catacombe…

 

Formation sans équivalence.
Convocation des abysses.

 

PoinG contre poinT

 

Les poings ne sont pas là pour frapper. Juste, ils touchent. Parfois à la vitesse de la lumière, juste pour simuler la violence, la brutalité, des poings qui ne font pas semblant, qui vont chercher : l’être… Bien plus que les autres poings, les coups de poings furieux dans ta gueule.
Ses poings de psychoboxe, à la vitesse de l’ombre, peuvent t’amener aux points de suture symbolique, aux points de suspension, aux points finaux, histoire de mettre un terme à une certaine histoire qui se répète, que tu répètes, sans trouver le bon point.

 

Histoire de fou, poinG contre poinT.

 

ContrepoinG afin que cesse la répétition.
Contrepoint au toujours.

 

Parfois des cas si lourds que le toujours ne pourra pas se taire, mais alors, vivre avec… Apprendre à vivre avec.
Apprivoiser le Toujours.

 

valérY meYnadier
8 septembre 2022

 

 

Institut de psychoboxe, https://www.psychoboxe.com/

Valéry Meynadier, Maison des écrivains et Facebook


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Revue Bancal - Auteur

Commentaires


  1. Excellent texte qui explique avec poésie une nouvelle pratique psy. Merci Valéry Meynadier !

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