Artistes confinés #17 // Edouard Taufenbach, plasticien

Nous avons interrogé plusieurs artistes pour comprendre ce que le confinement changeait à la pratique de leur art. Comment l’obligation de rester enfermé.e impacte-elle leur créativité ? Quelles sont les conséquences pratiques et matérielles du confinement sur leur organisation, leur situation ? Bref, comment continuer à être un ou une artiste en temps de confinement !

Diplômé de l’Uni­ver­sité Panthéon-Sorbonne en Arts et médias numé­riques, Edouard Taufen­bach travaille l’image par le collage, le photomontage ou encore l’art vidéo. Travaillant autour des concepts de trace et de mémoire, il se distingue par plusieurs séries de collages photo­gra­phiques d’après des images verna­cu­laires anonymes. En 2020, il est lauréat 2020 du Prix Swiss­life à 4 mains, avec le projet « Le Bleu du ciel » en binôme avec le musi­cien Régis Campo. Edouard Taufen­bach est représenté par la Galerie Elizabeth Houston à New York et par la Galerie Almanaque Fotografica à Mexico

 

Dans quels états émotionnels t’a plongé le confinement ?
Le confinement est survenu alors que j’étais en résidence à la Villa Medicis à Rome pour un projet autour du vol des hirondelles. Passé le choc de voir le monde s’arrêter, il m’a plongé dans un état paradoxal entre ennui et suractivité.

 

Ces émotions sont-elles favorables à ta créativité ou au contraire inhibent-elles ? 
Les deux ! L’impossibilité de sortir a ralenti certains projets, mais l’ennui suscité par cette inactivité a fait surgir de nouvelles idées, de nouvelles envies. Le cadre privilégié dans lequel je restais a notamment fait naître le désir de développer un travail sur la partie Renaissance des jardins de la Villa Médicis.

 

L’enfermement et l’isolement t’empêchent-ils de pratiquer ton art ou au contraire te rend-ils plus prolifique ? 
Par chance je n’étais pas complètement isolé. En résidence avec un autre artiste avec lequel je travaille, cette période a été l’occasion de confronter nos univers finalement complémentaires, de mieux se connaître et de commencer des recherches pour les mois à venir.

 

Quelles solutions, quelles nouvelles habitudes as-tu déjà mises en place dans ton activité artistique ?
La situation actuelle a sans doute été comme pour beaucoup de monde un catalyseur de changements déjà amorcés avant la crise : pour ma part diversifier mes activités, ne plus travailler que sur un seul projet à la fois.

 

Le contexte sanitaire et la situation de confinement t’inspirent-ils, influencent-ils déjà ta production artistique ?
Ressens-tu le besoin ou l’envie de t’exprimer à travers ton art sur l’épidémie et la situation ?
Il est toujours difficile de répondre à cette question, plus largement de comprendre et de mesurer comment le monde agit sur son travail. N’étant pas un artiste « militant », mon engagement artistique est avant tout formel, les objets que je crée ne délivrent pas de message. Et s’il est inévitable que la situation actuelle influence ou influencera mon travail, ce ne sera jamais de manière explicite.

 

Crains-tu pour ta situation financière et plus généralement pour ton activité artistique après le confinement ?
Le confinement a suscité des réactions très différentes dans la société. Si certains ont ralenti leur activité prenant le temps de voir venir les changements qu’apporte cette conjoncture exceptionnelle, j’ai plutôt eu le réflexe inverse : travailler encore plus, répondre à l’incertitude des mois à venir par un engagement fort dans les projets déjà existants — comme le cycle d’expositions prévu en 2020 et 2021 par le Prix Swiss Life à 4 mains — et par le développement de nouveaux travaux. Et si les temps à venir vont être difficiles, je ne me sens pas seul. Je connais le soutien des personnes qui m’entourent.

 

Propos recueillis par Céline

Avec l’aimable collaboration de Yves Mirande, @yvesmirande

 

Pour suivre le travail d’Edouard Taufenbachhttp://www.edouardtaufenbach.com/

Instagram : @edouardtaufenbach

 

Rhodes Beach © Édouard Taufenbach

 

Lulu © Édouard Taufenbach

 

La jetée © Édouard Taufenbach

 

Déjeuner sur l’herbe © Édouard Taufenbach


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Revue Bancal - Auteur

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