Le miroir

A la place d’honneur dans plein de maisons il y a un miroir, je suis l’un d’eux. Je suis pile en face de la porte d’entrée. Ma vie est assez tranquille en général je me contente de refléter la porte d’entrée.

Le miroir

Texte court de Claire

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A la place d’honneur dans plein de maisons il y a un miroir, je suis l’un d’eux. Je suis pile en face de la porte d’entrée. Ma vie est assez tranquille en général je me contente de refléter la porte d’entrée.

Bleu, c’est donc comme ça que je suis toute la journée un bleu pâle pas rigolo.

Ca a tout de même été compliqué au début, le jour où l’on m’a sorti du carton.

Dans le noir évidemment il n’y avait rien à faire je n’avais donc pas pu me préparer à ma vie de miroir utile.

Ensuite la lumière m’a ébloui, je savais que je devais me servir de la lumière pour renvoyer les images de ce que je voyais.

Faire ça la 1ère fois alors qu’on n’a encore jamais mélangé de couleurs c’est comme un jeu de hasard.

Gris, blanc, marron mais pas le bleu.

Heureusement j’avais l’excuse de la poussière.

Il a tout de même fallu que je fasse le bleu, je sentais que si je n’y arrivais pas ma vie de miroir prendrait fin rapidement.

J’avais la pression, je me suis concentré et là j’ai compris le truc, comment on fabrique les couleurs, les formes et comment on les affiche ! C’est dingue les capacités qu’on a finalement ! J’ai donc fait le bleu de la porte. Et dans la foulée j’ai enchaîné avec la tête de ma proprio.

Kim, elle s’appelle, j’ai de la chance elle est parfaite.

La perfection c’est facile à reproduire.

Mon moment préféré c’est le matin, avant de sortir elle s’approche de moi pour vérifier que tout va bien, elle tord son visage dans tous les sens.

Non seulement je dois m’adapter à toute vitesse mais en plus je peux ajouter plein de grimaces rigolotes !

Oh, elle éclate de rire alors vite je fais un rire. Et elle part.

Pas facile de se retrouver seul sans rien à faire que du bleu et sans personne pour l’admirer en plus.

Quand elle revient je suis tellement content de sortir de mon ennui que je lui fais une super mine, pour lui faire plaisir je lui enlève toute trace de fatigue. J’aime bien ces libertés que je prends avec les images.

Rien ne vaut les visites de sa voisine, elle est toujours fagotée comme pas possible.

Son visage est surprenant, et peint en plus, c’est déstabilisant, je dois d’abord l’imaginer sans maquillage et rajouter la couleur ensuite et au bon endroit.

Tu sais il faut pas se tromper, c’est arrivé une fois ça a été le drame, du rouge à la place du bleu sur les yeux, elle a eu la trouille et a manqué de s’évanouir.

Uniques ses yeux bleus dessus, bleus dessous, c’est moche !

Vite un peu de noir, voilà je lui ressemble un peu…

Willy arrive, je fais Willy

Xavier arrive, je fais Xavier mais c’est rapide, les garçons ils me regardent à peine, tant pis je les laisse tout décoiffés !

Y a plein de trucs à faire finalement dans ma vie de miroir, elle me plaît assez.

Zut c’est la nuit je peux plus rien faire !

@Claire, 2013

Claire, texte réalisé au sein d’un atelier de création littéraire à Saint-Etienne


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Charlotte PALMA - Auteur

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