Nous avons failli rater ce très bon film italien mais fort heureusement, nous sommes en mesure de vous en parler et de vous en dire le plus grand bien. Dans « Hungry Hearts », Saverio Costanzo peut donner l’impression d’avoir réalisé une comédie romantique mais en réalité, le propos va au delà d’une simple histoire conjugale et s’attache à  montrer le basculement d’une femme dans la folie.

Jude, un jeune ingénieur américain, rencontre Mina, une jeune italienne exilée à Brooklyn, dans des circonstances particulières. En effet, c’est dans les toilettes d’un restaurant chinois qu’ils se voient pour la première fois. Ils tombent amoureux puis décident de vivre ensemble. A la naissance de leur petit garçon, Mina est persuadée que son fils est indigo et donc unique. Elle le protège de façon obsessionnelle contre le monde extérieur sans se rendre compte de ses excès. Jude comprend l’urgence d’agir contre sa femme qui perd le sens des réalités.

Alors que le film commence par des images de bonheur solaire, les tonalités virent au gris au fur à mesure que Mina perd les pédales. Malgré l’ouverture comique du film, on baigne vite dans une ambiance oppressante, aérée par de belles et salutaires scènes de rues dans Brooklyn.

Saverio Costanzo distille avec subtilité les preuves de la folie naissante de Mina. Quant à la comédienne Alba Rohrwacher, elle parvient tout en nuances douceureuses à rendre inquiétant et troublant son personnage.

Le seul bémol à apporter à la mise en scène est l’utilisation, un peu trop systématique à mon goût, de plans déformés de Mina dans la maison. Le scénario est assez fort pour ne pas avoir besoin de ce procédé visuel.

Un drame glaçant sur la maternité, à déconseiller tout de même aux femmes enceintes ou aux mamans d’enfants en bas âge…

Salih B.

Hungry hearts, drame italien de Saverio Costanzo, avec Adam Driver, Alba Rohrwacher, Roberta Maxwell (février 2015)

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